Kill tête de chien

Avez-vous lu l’Incal?

Vous devriez…

Personnellement j’ai découvert l’univers de Moebius & Jodorowski alors que je savais à peine lire. La bibliothèque de mes parents débordait d’albums étranges et l’Incal y trônait en belle place. Quelle aventure, quel monde de fou, quel scénario de dingue, quel graphisme de malade! Je vous parlais dernièrement de mon désintérêt pour les héros; trop tout, trop tout le temps, trop de trop! Comme j’ai aimé profondément John Difool!
Peut-être parce qu’il représente l’antihéros par excellence?
Minable, désabusé, à la limite de l’idiotie, il est le synonyme parfait de Vacuité. Et pourtant son honnêteté déconcertante le rend si attachant qu’il a marqué mon imaginaire et j’y fais souvent référence depuis trente ans… L’Incal m’a apporté d’autres amis inoubliables: Deepo, ma chère mouette à béton, Tanatah, grandiose, terrible, majestueuse Tanatah et Kill, tête de chien. Si je suis tout à fait honnête, je crois même avoir été amoureuse de Kill tête chien du haut de mes huit ans…

Vous imaginez donc ma joie quand les Humanoïdes associés ont annoncé la sortie d’un Spin-off sur mon amoureux d’enfance!

Kill tête de chien

par Brandon Thomas & Pete Woods

Lorsque Kill Tête-de-Chien apparaît pour la première fois dans L’Incal, il s’envoie en l’air. C’est qu’il a quand même été élu amant de l’année, il faut faire honneur au titre! Mais Kill n’ira pas jusqu’à l’apothéose puisque John Difool lui tire dans l’oreille… Coïtus interompus et début d’une haine féroce entre nos deux protagonistes.
On peut allégrement définir Kill comme un soudard, un vulgaire chien qui ne brille que par sa force et sa vitalité sexuelle. C’est certainement toutes ces qualité qui ont forgé mon amour pour lui…
Si John et Kill ne sont pas des amis ils vont tout de même collaborer et quand le Molosse rejoint l’équipe de Difool, on le découvre en compagnon de route fidèle et pittoresque, parfait dans le rôle du faire-valoir.
Mais grâce à Brandon Thomas & Pete Woods, aujourd’hui, Kill sort de son second rôle. Aujourd’hui, Kill fait son grand retour ! Et non seulement je les en remercie mais j’applaudis des deux mains, bruyamment!

Artiste, héros de guerre, amant de l’année… Kill Tête-de-Chien semble cumuler les succès. Mais victime d’une tentative d’assassinat, il sombre dans le coma. Profitant de son état, une partie des nombreux bâtards qu’il a semés à travers la galaxie pénètre dans son esprit fracturé pour explorer ses souvenirs via une procédure expérimentale appelée la « recollection ». Ils ne font pas cela pour sauver leur père, mais pour récupérer ce qui leur est dû, tous ayant été abandonnés par Kill dans leur enfance. Au cours de ce processus, ils découvriront l’histoire du vrai Kill Tête-de-chien, bien plus complexe que ce que ses légendes voudraient faire croire…

Autant vous prévenir de suite, cet album est complètement barré! Mais sérieusement, vous attendiez-vous à autre chose en plongeant dans la tête d’un mercenaire canin? Brandon Thomas nous électrifie tout du long et ne nous laisse aucun répit! C’est déjanté, drôle, rock’n’roll et palpitant! Pete Woods met son talent au service du scenario dans des planches vertigineuses et hallucinantes! Si, parfois, je déplore un petit côté lisse à son dessin, j’ai dévoré chaque détail, chaque abîme, chaque case, toutes plus étourdissantes les unes que les autres!

Qu’on ai lu ou pas les albums de l’Incal (mais on devrait…) on peut plonger sans problème dans l’univers de Kill tête de chien! Les Humanoïdes n’en sont pas à leur coup d’essai dans le prolongement de cette série cultissime puisque sont déjà paru quelques spin-off et séries dérivées.

Comme c’est bientôt Noël, je me permets de lancer un appel, une demande, une prière… Un album tout entier consacré à Tanatah? Hein? Allez, je suis sûre que vous en mourrez d’envie (moi oui!)