La jeune fille en couverture de ce tome nous adresse un regard grave dans des teintes de rouges qui ne peut laisser personne indifférent. Que l’on accroche ou pas au style graphique, c’est intrigant, il faut absolument feuilleter cet album et découvrir pourquoi elle semble être si en colère…
Une pour toutes, toutes pour une
On découvre alors l’histoire, simple en apparence : Paloma, la fille qui nous dévisage, est une adolescente qui vient d’arriver dans une énième famille d’accueil et qui n’a aucune envie d’y être. Pourtant, cela semble être différent cette fois-ci, car Liselotte, la femme chargée de s’occuper d’elle, ne baisse pas les bras instantanément et parvient peut-être même à lui faire comprendre certaines choses.
À l’école, Paloma rencontre plusieurs jeunes filles qui sont, pour diverses raisons, tout aussi isolées qu’elle. Chélonia, l’une d’elles, les réunit toutes une fois après les cours dans le but de créer un club, « le club des mal-barrées », un groupe qui aurait pour but de leur apporter du soutien quand tout semble s’effondrer, et leur permettre, peut-être, d’enfin pouvoir exister pleinement, sans avoir peur des autres et d’elles-mêmes. Leur première mission est de convaincre Paloma la réfractaire, celle qui ne fait jamais confiance à personne, de les rejoindre.
La vie en rose
Sous des couleurs douces et une narration qui peut paraître simple de prime abord, se cachent beaucoup de profondeur et de subtilité. Avec le célèbre duo BeKa au scénario (« Studio Danse », « Les Rugbymen », pour les plus connus) et Camille Méhu au dessin (qui signe sa première BD !), « Filles uniques » est un album intelligent, touchant et prenant, et ce, sur tous les niveaux. Que cela soit dans ses thèmes peu abordés dans les bandes dessinées jeunesse, dans ses dialogues qui se contentent du nécessaire, dans ses dessins qui ne s’encombrent pas d’une multitude de détails ou encore dans ses couleurs rassurantes qui donnent une impression intimiste, ce premier tome nous montre que la simplicité permet souvent de délivrer des messages forts sans les éclipser. Les injustices vécues dès l’enfance sont incroyablement difficiles à vivre, mais certaines personnes sont là pour nous montrer que la vie, même si elle est loin d’être rose, vaut quand même la peine d’être vécue. Que nous valons la peine qu’on se batte pour nous et que le premier pas consiste parfois à tendre la main vers l’aide qui nous est proposée.
Le club des cinq
« Filles uniques » est prévu en cinq tomes, un album pour chacune des membres du club. Il nous reste donc à découvrir les histoires d’Apolline, fan de rugby, de Céleste la timide, de Sierra l’impulsive et de Chélonia, la magnétique et bienveillante leader, peut-être la plus énigmatique de toutes. Si la suite est à la hauteur du premier tome (et vu la qualité, impossible d’en douter), cette série promet de nous entraîner, avec justesse et émotions, dans des thématiques importantes comme le harcèlement à l’école, la différence, mais aussi des choses plus spécifiques comme les enfants placés en foyer et le dépassement des traumatismes, ou des choses plus générales comme la découverte de soi et l’amitié.
Vous l’aurez compris, cet album, qui s’adresse surtout aux adolescents mais qui ne manquera pas de parler également aux adultes, vaut largement le détour. Impossible de ne pas signer pour faire partie de ce club !
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