Des contes familiaux et modernes
Les cœurs de ferraille, premier tome d’une nouvelle série de trois albums indépendants qui vous content la beauté complexe des sentiments, dans un rétrofutur où les humains vivent entourés de robots à leur service. Les interactions entre ces personnalités à la fois proches et différentes rendent soudain flottant le concept d’« humanité »…
Quand on est triste, il faut regarder la beauté du monde
Cette phrase peut à elle seule résumer la délicatesse de cet album. Et parce qu’elle est prononcée par un robot, elle illustre parfaitement l’intelligence du scénario.
La jeune Iséa n’a que peu d’amis. Elle préfère se réfugier derrière son écran pour parler avec Tal son amie virtuelle et voir, revoir encore le film Cyrano de Bergerac que Tal lui a conseillé. Mais ce qu’elle aime par dessus tout c’est retrouver sa robot-nounou, Debry. Plus qu’une Nanny, Debry est la seule figure maternelle et la seule source de tendresse d’Iséa. Sa mère est une bourgeoise hautaine et glaciale digne de la pire marâtre de contes de fée. Est-ce par jalousie de cette relation ou par simple cruauté que sa mère décide un jour de renvoyer Derby? Toujours est-il que cette séparation brise l’équilibre fragile de la jeune fille et quand son foyer s’effondre, Iséa fugue pour retrouver sa nounou.
Mais il lui faudra faire vite, car un robot renvoyé de son travail est un robot qui va être formater
C’est un album précieux que nous offrent Munuera et BeKa, intelligent et d’une délicatesse rare. Les décors, très Sud des États-Unis et ses champs de coton, mêlés de technologies modernes posent un univers singuliers qui nous absorbe dès les premières pages. Le trait de Munuera est d’une belle justesse et l’on est saisi immédiatement par les injustices quotidiennes de ce monde. Parce que ce conte parle de cela: l’injustice. Quelle qu’elle soit, quelque forme qu’elle prenne…
Déjà apprécié dans les Campbell, le dessin de Munuera se rapproche plus ici de son excellent Bartleby. Le trait est sage mais technique, d’une tendresse folle et d’une élégance délicate. Toutes les cases portent leur lots d’émotions et certaines planches vous époustouflent. Les BeKa signent un scénario à la hauteur des dessins, offrant une poésie et quelques fulgurances touchantes. Preuve en est qu’ils devraient continuer dans le registre Filles uniques ou Blog plutôt que dans les Rugbymen…
Un album surprenant qui ravira petits et grands
Laisser un commentaire