Octavia E. Butler
Souvent appelée « la grande dame de la science-fiction », elle est l’autrice d’une série de nouvelles et de plus d’une douzaine de romans. Son oeuvre a obtenu deux prix Hugo, deux prix Nebula et le prix PEN Lifetime Achievement. Elle est le premier auteur de science-fiction à avoir remporté le prix Mac Arthur, la bourse des « génies ».
Et pourtant je n’avais jamais entendu parler d’elle avant Les sorcières de la littérature.
Elle se décrivait ainsi : « Je suis noir, je suis solitaire, j’ai toujours été marginale » Octavia Butler a commence à écrire dès l’enfance. Fervente lectrice de science-fiction, elle ne pouvait s’empêcher de remarquer qu’aucun personnage ne lui ressemblait jamais. Elle comble ce manque en mettant en scène dans ses romans des femmes, noires, solides, confrontées à des problèmes de survie complexes. C’était une spécialiste de la prose réaliste et puissante. Ses récits inventifs explorent en profondeur les limites, souvent troublantes, des relations humaines.
Je n’ai pas encore eu le temps de me plonger dans les romans d’Octavia Butler, mais La parabole du semeur attend sagement dans ma bibliothèque. Si les éditions Au diable Vauvert rééditent doucement cette autrice incontournable, c’est aux éditions Presque Lune, à Damian Duffy et John Jennings qui lui rendent hommage en adaptant son roman Liens de sang en bande-dessinée. La préface, de toute beauté, est signée Nnedi Okorafor.
Liens de sang
Dana, jeune femme noire vivant dans les années 1970, est soudainement et inexplicablement transportée en 1860, de sa maison en Californie vers le Sud d’avant la guerre civile. Alors qu’elle voyage dans le temps en plusieurs allers et retours entre sa réalité contemporaine où elle est une femme libre et l’époque de la guerre de Sécession, elle se retrouve à devoir survivre dans une plantation sudiste, confrontée à Rufus, son ancêtre blanc et esclavagiste.
Dans son roman, Octavia E. Butler explore en profondeur la violence et la perte d’humanité causées par l’esclavage aux Etats-Unis. Elle souligne son impact complexe et durable sur le monde actuel.
Damian et John parviennent à rendre les voyages dans le temps crédibles, efficaces et gênants ! Le rythme du récit est parfait : on s’essouffle, on suffoque dans ces plantations et si on croit pouvoir reprendre pied, de retour à notre époque, c’est pour se sentir oppressé par toutes les questions et révoltes qui assaillent Dana !
Les relations dominant-dominé sont traitées avec intelligence, les questions de survie sont maîtrisées en tout point, l’oppression est palpable et les énigmes que soulèvent ces voyages dans le temps apportent une délicieuse ambiguïté au récit !
Un roman graphique réussie si l’on en croit le Eisner Awards 2018 de la meilleure adaptation d’une œuvre littéraire que Lien de Sang a reçu !
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