Les adaptations de comics au cinéma sont légion, et commencent un peu à toutes se ressembler. Entre les productions Marvel, relativement aseptisées et grand public, et les productions DC/Warner, plus sombres et « sérieuses », il y a de la place pour des films décalés ou plus orientés ado/adultes. La Fox, titulaire des droits de certains titres Marvel (X-Men, notamment) après les ravages de son reboot catastrophique de Fantastic Four, a mis sur les rails un projet qui ressemble à une mauvaise blague : un film sur Deadpool, personnage secondaire totalement vrillé de l’univers X, qui avait déjà été salement malmené dans le regrettable X-Men Origins : Wolverine. La petite nuance avec tous les autres projets de ce genre ? Il est porté à bout de bras par son réalisateur Tim Miller et son acteur principal Ryan Reynolds, qui tente de monter le projet depuis près de 12 ans.
Mais du coup, Deadpool, qu’est-ce donc ?
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Wade Wilson est un mercenaire sans foi ni loi, ancien commando spécial de la CIA. Touché par un cancer en voie de généralisation, il accepte de participer à l’expérience Arme X (la même que subit Wolverine). L’expérience échoue, et il passe ensuite dans les mains de Killbrew, scientifique génial mais totalement fou, qui lui offre le même pouvoir autorégénérant que Wolverine, mais le laisse physiquement difforme, la peau craquelée et brûlée. Après sa fuite, il reprend son existence de mercenaire totalement fou, et se rapproche peu à peu des autres personnages de l’univers mutant… Petite particularité qui donne tout son intérêt au personnage : il est schizophrène (ils sont plusieurs dans sa tête, et pas d’accord sur tout), et surtout, il connaît son statut de héros de fiction. Il brise ainsi régulièrement le quatrième mur, et utilise ses connaissances de l’univers Marvel pour désarçonner ses adversaires d’un jour. Il est par ailleurs doté d’un humour souvent discutable, et est largement détesté par tous ses comparses mutants pour cette raison.
Mais au milieu de la jungle foisonnante de parutions sur le personnage (Panini a réédité la quasi-totalité des titres parus en français pour la sortie du film), par quoi commencer ?
Je suis Deadpool est une anthologie, comme celles déjà sorties chez Panini sur X-Men, Avengers ou Ant-Man. Comme toujours avec les anthologies, il y a à boire et à manger, et un personnage au destin éditorial aussi atypique n’a pas eu que des publications heureuses. Un bon moyen de découvrir le héros sans se lancer dans une série, donc, mais ce ne sera pas nécessairement révélateur du niveau des meilleures sagas. Le principal intérêt ? En découvrir l’évolution, car le bouquin pioche des histoires marquantes dans l’ensemble des parutions marquantes.
Les origines, de son côté, reprend les deux premières mini-séries dédiées au personnage. Ça a salement vieilli graphiquement, et beaucoup de codes installés dans les années suivantes sont encore balbutiants, donc Deadpool n’est pas encore celui que l’on connaît. Plus sombre, plus violent, moins forcément drôle, mais pas mal d’éléments se mettent en place, qui seront ensuite les bases des séries suivantes. Une curiosité pour les collectionneurs, mais pas forcément le meilleur moyen de démarrer.
Joe Kelly a eu la (relative) lourde tâche de lancer une ongoing, sur ce petit personnage improbable que pas grand monde ne connaît alors (nous sommes en 1997). Il s’associe le talent naissant d’Ed McGuinness (Hulk, Superman), et signe la série la plus carrée sur le héros : si le dessin a pris un petit coup de vieux, Kelly densifie les bases de l’univers du héros qui parle trop. Al, la vieille aveugle qu’il séquestre, La fouine, son pote inventeur, ses rapports entre bonhommie et franche haine avec les autres super-héros, les recherches de ses origines… Wade Wilson devient Deadpool pour de bon, dans une série parfois chaotique, mais qui reste mythique pour les fans. À noter que la traduction française, comme souvent avec ce personnage, n’est pas au niveau de la version originale, notamment en terme de jeux de mots. Le run de Kelly vient de s’achever en français avec le 4ème tome, à voir si les épisodes suivants seront traduits (la série a continué pendant environ 25 n°s aux USA avant de s’achever en 2002).
Alors que Cable, personnage créé lui aussi par Rob Liefeld, était un ennemi juré de Deadpool, Marvel décide en 2004 de les faire collaborer dans ce qui reste l’un des meilleurs buddy-comics de ces dernières années. C’est drôle, totalement vrillé, et les relations explosives entre un Deadpool toujours aussi chambreur et son trop sérieux camarade de jeu font tout le sel de cette série. La bonne nouvelle étant la tenue globale du scénario (signé par l’autre créateur du personnage, Fabian Nicieza), d’un très bon niveau, entre polar déjanté et SF bien frappée. Le petit défaut de la série reste son succès relatif aux USA, qui a poussé les auteurs à y faire des passages parfois éclair (7 dessinateurs réguliers différents), et marque donc la série d’un label « bonne histoire, bons personnages, mais dessins bof / irréguliers ». Cable & Deadpool est entièrement disponible, en 4 tomes !
Dans le prochain guide de lecture, nous parlerons des séries de Daniel Way, de Posehn & Duggan et des mini-séries, dont la mythique Il faut soigner le soldat Wilson. Stay tuned !
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