De Ruppert et Mulot, aujourd’hui, les lecteurs connaissent surtout La technique du périnée (qui a eu une forte couverture par la presse), et leur collaboration-hommage à Cat’s Eye avec Bastien Vivès, La grande odalisque. Mais n’oublions pas que Florent Ruppert et Jérôme Mulot ont fait leurs débuts en BD chez l’Association, et continuent depuis régulièrement d’y publier leurs créations les plus allumées…
Une princesse des pays nordiques profite de son passage à Paris pour consulter un sexologue. Première bizarrerie : elle vient consulter pour ses problèmes avec son… Amant. Son prince de mari, lui, est gay. Leur fille, forcément capricieuse, réussit à voler et imposer sa volonté aux autres. Mais n’est-on pas tout simplement en plein rêve ?
Lire du Ruppert et Mulot, c’est se confronter à l’humour et l’imaginaire frappadingues d’une étrange hydre à deux têtes. Car les deux écrivent, les deux dessinent, ce sont des jumeaux en matière de création, et ils se fichent des limites du bon sens ou du cadre formel classique de la bande dessinée. Ici, on nage dans un délire sarcastique dans lequel les adultes pensent au sexe et à l’argent, et les enfants veulent jouer et s’amuser. Mais le sexe est fétichisme, et l’argent est un simple moyen de montrer son importance. Quant aux jeux des enfants, il s’agit de manipuler mentalement les grandes personnes, et de voler comme un oiseau pas très adroit. Entre le rire jaune et la gêne, le lecteur hésite souvent, sans vraiment voir où les auteurs le trimballent, et une forme de frustration peut vite se faire jour si l’on n’est pas dans le bon délire (un peu intello, franchement méchant, et carrément régressif), ou si l’humour au quatorzième degré n’est pas notre fort.
Graphiquement, leur patte est toujours aussi identifiable. Visages simplifiés à l’extrême, décors répétitifs et découpage simple et proche d’une bobine de cinéma : ils creusent leur sillon habituel, sans forcer mais sans décevoir, et signent ainsi un bouquin dans la droite lignée de leurs travaux précédents : pas aussi expérimental que Le cadeau ou Le royaume, pas aussi foncièrement brillant que Panier de singe, pas aussi pop que La grande odalisque, mais toujours aussi atypique et réjouissant !
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