Quand Max Brooks, fils du légendaire Mel Brooks (réalisateur de Frankenstein Jr, Spaceballs, mais aussi producteur de Elephant Man) s’allie à Raulo Cáceres, qui a fait ses armes dans la BD pornographique, le résultat est forcément tranchant…
Dans un futur proche, les zombies sont passés de rumeur à réalité, puis de zones circonscrites à une véritable invasion, plaçant l’humanité face à un péril encore jamais vu. Les vampires, qui mènent une vie discrète depuis des millénaires, et ont assisté à plusieurs reprises dans l’Histoire à des attaques de zombies moins globales, mettent un certain temps à comprendre que cette fois, c’est la bonne. Au milieu du chaos, alors qu’ils ont du se restreindre durant des siècles pour ne pas dévoiler leur existence aux humains, les vampires peuvent désormais faire comme bon leur semble, et s’abreuvent de torrents de sang frais, les zombies n’étant nullement une menace pour eux. Mais si les humains devaient commencer à se raréfier, que mangeraient-ils ?..
Max Brooks est certes le fils de Mel, comme dit plus haut. Il est aussi, surtout, un auteur reconnu, parmi les précurseurs de la vague zombie qui déferle sur l’imaginaire ces dernières années. Après avoir pondu le jubilatoire et grinçant Guide de survie en territoire zombie, il signe, avec World War Z, LE livre qui donne ses lettres de noblesse au sous-genre « zombiesque » (oublions le film, si vous le voulez bien, qui est une trahison absolue du concept originel). WWZ, c’est une étude sociologique globale, qui raconte des expériences, des moments de vie, dans une situation aussi radicale et extrême qu’une invasion zombie. Pas de second degré ici, l’idée est d’imaginer de manière cohérente et documentée ce qu’il pourrait advenir. Dans Extinction Parade, Brooks ajoute une troisième espèce dans le jeu, comme Romero l’a fait dans Empire of the dead : les vampires. Présentés ici sous une forme aussi glaçante que brutale, ils peuvent enfin laisser libre court à leur sauvagerie, ne se cachent plus, et profitent de la panique ambiante pour se ruer à la curée. Avec cette histoire cruelle et presque poétique, il convoque les vivants, les morts et les non morts, et observe ce qu’il en ressort…
Cáceres, de son côté, amène son sens du grotesque, cette surcharge graphique qui est sa signature. Après avoir bossé sur les ultra violents Gravel et Crossed de Garth Ennis, après avoir signé l’étrange Captain Swing avec Warren Ellis, il se met au service d’un autre auteur de prestige, et lâche les chiens : c’est sanglant à souhait, dans la tradition des productions Avatar (Crossed, Über…), foncièrement malsain, rappelant l’aspect gothique dérangeant de ses premières œuvres érotiques. D’une poésie macabre, se souciant comme d’une guigne d’une quelconque justesse technique, Cáceres provoque, et fait s’engouffrer son lecteur dans son imaginaire torturé…
Sous la forme d’un long monologue illustré, Brooks et Cáceres mettent en images la fin du monde, avec les humains comme chair à canon, les zombies comme détonateur, et les vampires comme d’éventuels, mais improbables, sauveurs… Une réussite étonnante, pour un sujet aussi déconnant, introduisant une trilogie qui s’annonce spectaculaire !
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