Anaïs Nin
De toutes les femmes que j’ai connues au cours de ma vie, rares sont celles qui ont approché Anaïs en beauté et en grâce féminine. Elle était à la fois une charmeuse, une aristocrate… et une personne farouchement réservée. Mais elle était aussi un écrivain au génie indéniable. Et toutes ces raisons additionnées font qu’elle appartient désormais au monde entier… Henry Miller
On s’est aimé dans le maïs
T’en souviens-tu mon Anais
Le ciel était couleur de pomme
Et l’on mâchait le même chewing-gum
Je ne suis pas certaine que Thiéfaine faisait référence à Anaïs Nin dans sa petite comptine mais j’aime croire qu’elle aurait beaucoup plu à la célèbre diariste.
Anaïs Nin est une autrice qui tient une grande place dans ma vie littéraire. Son journal m’a littéralement transporté, je n’avais jamais rien lu de pareil avant et il m’a fait passer par tant d’émotions différentes. C’est sa plume qui m’a d’abord touchée et ensuite j’ai rencontré la Femme. Et la Femme m’a bouleversée. Quelle vie, quelle force, quelle complexité, quelle audace !
Léonie Bischoff, autrice de bande dessinée et illustratrice pour la presse, publie Hoodoo Darlin‘ ainsi que trois adaptations de polars suédois de Camilla Läckberg cosignées avec Olivier Bocquet, le tout chez Casterman. En 2020 paraît, toujours chez Casterman, un album qui révèle toute l’ampleur de son talent : Sur la mer des mensonges, un roman graphique inspiré de la vie d’Anaïs Nin.
Leonie nous compte les années 30 de la romancière qui vit en banlieue parisienne et lutte contre l’angoisse de sa vie d’épouse de banquier. Plusieurs fois déracinée, elle a grandi entre 2 continents, 3 langues, et peine à trouver sa place dans une société qui relègue les femmes à des seconds rôles. Elle veut être écrivain, et s’est inventé, depuis l’enfance, une échappatoire : son journal. Il est sa drogue, son compagnon, son double, celui qui lui permet d’explorer la complexité de ses sentiments et de percevoir la sensualité qui couve en elle. C’est alors qu’elle rencontre Henry Miller, une révélation qui s’avère la première étape vers de grands bouleversements. Leonie Bischoff réussi à mettre en lumière la complexité d’Anaïs Nin et souligne, avec beaucoup de finesse, sa volonté d’indépendance tout autant que la sensualité instinctive qui l’habitait.
Résumer Anaïs à une muse (d’André Miller ou de tant d’autres) est l’erreur qu’on fait presque tout le temps, Leonie ne tombe pas dans ce piège et s’attache à rendre justice à la femme complète qu’elle était.
Que dire de la manière dont Léonie dessine Anaïs…. C’est de toute beauté ; fort et doux à la fois, tendre et violent, en un mot : sensuel… Comme l’était Anaïs et comme le sont les dessins multicolores de Léonie.
De planches ultra travaillées, aussi fouillées que des tableaux, l’on passe à des esquisses plus légères, discrètes, presque fragiles mais qui recèlent des émotions toutes aussi puissantes que leurs consœurs.
Ce roman graphique est un bijou. Que l’on connaisse ou pas Anaïs Nin il faut voyager Sur la mer des mensonges !
Anaïs Nin et Henry Miller ont entretenu pendant vingt ans une correspondance passionnée. Commencée en 1932, celle-ci s’achève en Californie, alors qu’ils sont tous les deux devenus célèbres. Récit d’un amour fou, qui fait place peu à peu à la tendresse, ces lettres retracent également l’évolution de leurs œuvres. Resté inédit jusqu’à la mort du mari d’Anaïs, ce texte suscite une réflexion intemporelle sur la complexité du sentiment amoureux. L’estime qui n’a cessé d’animer leur relation, et ce même quand ils connaîtront d’autres amours, force l’admiration. Au-delà des malentendus ou trahisons apparentes, ils n’ont cessé de défier ensemble les conventions tout en interrogeant de façon permanente leur conception respective de l’écriture. Cette correspondance permet de pénétrer une époque captivante et d’approcher deux personnages exceptionnels, unis dans une fidélité essentielle, physique, matérielle et littéraire.
Journaux de jeunesse 1914-1931
Voici l’ensemble des journaux de jeunesse d’Anaïs Nin réunis pour la première fois en un seul volume. On y découvre une enfant avide de compliments et d’amour, qui, dans un français encore naïf, décrit sa quête d’attention et de reconnaissance. Puis en 1920, devenue une jeune fille ravissante et intelligente, elle adopte l’anglais pour confier sa passion pour Hugo Guiler, qu’elle adulera longtemps avant de faire la douloureuse expérience de la perte des illusions et de l’amour. Sa mère, Joaquinito et Thorvald, ses frères, son père, éternelle figure de l’absent, côtoient ainsi dans ses journaux peintres et écrivains : O. H Lawrence, Sinclair Lewis, Botticelli… Réalité et fantasme, quotidien et exceptionnel se croisent et se mélangent, dépeignant pour nous une époque passionnante. Lire ou relire les Journaux de jeunesse d’Anaïs Nin c’est comprendre l’écrivain qu’elle est devenue et découvrir avec elle la liberté d’être ce que l’on désire, sans fard et sans regrets.
Ce Journal de l’amour ne fut pas simplement pour Anaïs Nin le confident de ses aventures et le témoin de ses rencontres. Elle en fit aussi le complice des » mensonges héroïques » (l’expression est d’elle) destinés à ceux qu’une vérité sans fard eût blessés. C’est pourquoi sans doute il fallut attendre si longtemps la publication de la » version non expurgée. La période couverte ici est celle des années 1932-1939, la plus riche et la plus intense de son existence. On y trouvera, en grand nombre, les portraits pris sur le vif des artistes et des écrivains célèbres qu’elle croisa, notamment dans ses années parisiennes, de James Joyce à Marcel Duchamp, de Brassaï à Antonin Artaud, d’André Breton à Jean Cocteau, mais on y découvrira également un modèle inégalé d' » autofiction » mêlant avec un art souverain aveux et fantasmes. C’est cette étonnante composition qui fait d’Anaïs Nin l’une des figures les plus singulières de la littérature américaine contemporaine.
Venus Erotica & Les petits oiseaux
Venus Erotica est de loin le plus célèbre livre d’Anaïs. Avant elle, très peu de femmes osaient l’écriture érotique. Sa plume, scandaleusement explicite pour l’époque, ose tous les fantasmes et met un accent rare sur la bisexualité féminine. Les Petits Oiseaux constitue la suite et la fin de ces textes érotiques écrits sur commande en 1940 et qu’Anaïs Nin avait finalement décidé de sortir du purgatoire où ils se trouvaient relégués « parce qu’ils représentent les premiers efforts d’une femme pour parler d’un domaine qui avait été jusqu’alors réservé aux hommes ».
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