Comment font les gens ? par Olivia DE LAMBERTERIE
Le rythme trépidant de la charge mentale
D’emblée, on est happé par un style, vif, alerte, haletant.
En effet, dans la vie d’Anna, il n’y a pas une seconde à perdre.
D’abord, la scolarité de Félicité et Joy, adolescentes woke qu’elle doit apprendre à connaître au quotidien.
Ensuite, un mari Américain qui rase les murs pour d’obscures raisons.
Enfin, Nine, la mère féministe qui perd la boule dans son Ehpad, au point où on voudrait bien s’en débarasser.
« Quinquagéniale » coincée entre enfants, mère, carrière et mari
En parallèle, une carrière d’éditrice à mener sous les ordres d’une nouvelle cheffe.
Véritable Cruella corporate qui l’a dans le collimateur, sa supérieure hiérarchique tient Anna à sa disposition par une pluie de SMS comminatoires.
Toutefois, contre toute attente, Anna jongle et répond, vaille que vaille, à son entêtant questionnement : Comment font les gens ?
Sa vie ressemble à une équation à plusieurs inconnues, son visage qu’elle n’identifie plus dans le miroir, sa mère étrange, ses filles étrangères, qu’il faut soigner, chérir et nourrir, la sainte trinité des femmes, alors même qu’elles ne semblent développer aucune envie particulière qu’elle s’immisce dans leurs affaires, absorbées par des fiancés charmants et périssables, dès qu’Anna s’attache, ils disparaissent, mais qu’est-ce qu’il est devenu Roger ? Elle, “belle et bonne dans sa peau de cinquante ans”, doit faire avec un mari dans son jus, le seul être humain de cette famille à être resté le même, excepté les rides mais pour un homme c’est normal, c’est même parfois séduisant. Le jour où l’on dira d’une femme “Sa ride du lion et si sexy”, elle s’engage à aller placarder des cols de l’utérus dans le métro. Mais non, même Peter a muté, avec sa maîtresse sûrement charmante et, espère-t-elle, périssable.
Allegra a quelque chose à annoncer
On lit ce récit hilarant, dénué de chapitres, au pas de course, pour ainsi dire sans s’arrêter.
Olivia de Lamberterie partage avec Sagan ce ton résolument léger quel que soit le thème abordé.
En d’autres termes, aucun pathos, l’époque déteste ça, et on ne se refait pas, une certaine élégance est de mise, en toute circonstance.
Finalement la journée interminable s’achèvera avec la visite de la fille aînée, Allegra.
Que diable peut-elle bien vouloir annoncer à Anna ?
Découvrez-le en vous régalant de ce tourbillon de roman sans tarder !
(Rencontrez l’autrice dans ce bref interview sur son dernier ouvrage)
Laisser un commentaire