On ne présente plus Fabrice Caro, alias Fabcaro, auteur du cultissime Zaï zaï zaï zaï.
Sans tarder, voici la lettre imaginaire que je lui ai écrite après la lecture de son dernier roman :
«Cher Fabrice,
Mes zygomatiques te remercient pour la pinte de bon sang que fut la lecture de Samouraï !
Toutefois, je m’interroge. Se peut-il que ton protagoniste, Alan, écrivain loser, malheureux en amour, en panne sèche devant la page blanche, te ressemble ?
De tout temps j’ai nourri un soupçon. Et si, derrière les éclats de rires suscités par les humoristes, se cachaient les blessures intimes de leurs auteurs ?
Une exceptionnelle acuité à observer l’absurdité de la condition humaine caractérise les clowns. C’est pourquoi, alchimistes du malheur, ils choisissent, quitte à faire couler des larmes, que ce soit en faisant pleurer de rire.
Cette piscine qui verdit au fil du récit, celle que ses voisins ont confié à Alan, on découvre qu’elle est en manque de chlore. Tandis que le protagoniste, lui, est en manque de Chloé.
Celle-là même qui insiste pour qu’il appelle sa mère afin de se libérer d’un secret bien lourd et glauque. Verdâtre, somme toute.
Pendant ce temps, l’activité sur et sous la surface aquatique est foisonnante. N’est-ce pas sans rappeler les névroses, hallucinations et autre paranoïas que recèle la psyché lorsqu’elle est en proie à la culpabilité, fût-elle infondée ?
Cependant j’ai lu les mésaventures d’Alan en me tenant littéralement les côtes, posture inconfortable s’il en est, surtout dans un train bondé.
J’ai cru voir plusieurs passagers lever les yeux au ciel. En d’autres mots ils étaient incrédules devant mon incontrôlable hilarité.
Ils étaient loin de comprendre que j’étais l’heureux lecteur d’un roman sérieux, un vrai, qui avait la politesse d’être drôle aussi. Et d’une pudeur admirable.
En conclusion, merci, Fabrice. Et pour tant de générosité, chapeau l’artiste ! »
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