Le Sexe des Femmes, Fragments d’un Discours Belliqueux par Anne Akrich
D’abord, il y a une blessure. Intime et secrète, elle se déploie sournoisement. De telle sorte que l’autrice n’a d’autre recours que l’écriture comme oxygène.
Trois fois au cours de ma vie, j’ai voulu en finir. Trois épisodes ont entamé mon désir et, partant, mon désir de vivre. Trois événements miniatures, où le désir était à la fois le poison et le remède, m’ont fait basculer dans le chagrin.
Ensuite, il y a un style. Bigarré et changeant, comme si la plume louvoyait entre colères et confessions. C’est pourquoi le rire fuse quand l’humour atteint sa cible, vengeance libératrice. Autrement dit, une complicité s’installe.
Par ailleurs, Anne Akrich se livre entièrement. Donc son récit devient universel.
J’ai voulu écrire ce livre pour que des images nouvelles se dessinent malgré moi, qu’en dépit de mon obstination à emprisonner le réel, la lumière perce un trou dans le rideau noir de mon regard. Que petit à petit ce trou minuscule se déchire davantage, qu’il faille se réhabituer à la lumière, à regarder autrement.
Enfin, l’auto-analyse scrupuleuse et sans concession se mue en manifeste. Désormais un dialogue pourra-t-il s’ébaucher ?
J’ai écrit ce livre pour redonner sa place au doute. Ne plus dire : Je veux mourir car mon oncle a violé ma sœur lorsque nous étions enfants, Je veux mourir parce qu’un vieillard a profité de ma jeunesse, parce qu’un inconnu m’a tripotée adulte et que je n’ai pas bougé. Je veux mourir par où mon sexe m’a fait souffrir.
J’ai refermé ce livre avec la satisfaction d’avoir, grâce au talent d’Anne Akrich, accédé à une réalité jusque là insoupçonnée.
Ecrire, c’est descendre au fond du puits. achever un livre, c’est sortir du trou. Remonter des Enfers et se survivre.
Anne Akrich est d’origine tunisienne et tahitienne. Elle est également l’autrice de Traité de savoir-vivre à l’usage des embryons et Il faut se méfier des hommes nus.
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