Un homme sans tête par Etgar Keret
Une vocation née à l’armée
En premier lieu, il y eut le suicide de son meilleur ami alors qu’il faisait son service militaire.
Pour la première fois, Etgar Keret réalise que vivre plutôt que mourir était le résultat d’une décision.
C’est pourquoi, s’il prenait le parti de vivre, il décréta que ce serait pour une juste cause.
En conséquence, il choisit de devenir écrivain.
Un nouveau Kafka basé à Tel Aviv
Dès lors, il s’attachera à décrire l’absurdité de la condition humaine.
Dans de très brèves nouvelles, il décrit les vertiges de nos failles les plus intimes.
Quelle que soit la situation initiale, les protagonistes traversent, comme dans un rêve éveillé, moult péripéties, faussement désordonnées.
Comme il est de coutume dans l’improvisation musicale, son écriture à première vue incohérente est le fruit d’un travail méticuleux et patient.
C’est pourquoi les détracteurs d’Etgar Keret font fausse route lorsqu’ils lui reprochent ses non-sens.
De toute évidence, la part onirique et poétique des récits leur a échappé.
Chriki est exactement – et c’est ce qui suscite la jalousie – comme vous et moi. On se demande même comment il a pu aller si loin. Et ceux qui émettent des hypothèses d’opportunité ou de probabilité nous bassinent. Le secret de Chriki est autrement plus simple : il a réussi parce qu’il est allé au bout de sa personnalité ordinaire. Au lieu de la nier ou d’en avoir honte, il a dit : C’est moi, et voilà. Il ne s’est ni sous-évalué, ni surévalué, il s’est simplement maintenu à la surface tel quel, nature. Il est l’auteur d’inventions ordinaires, j’insiste, ordinaires. Pas brillantes, ordinaires, et c’est exactement ce dont l’humanité a besoin. Les inventions géniales sont peut-être profitables aux génies, mais les génies ne courent pas les rues. Alors que les inventions ordinaires sont bonnes pour tout un chacun.
Nabots et nains
Comme dans les contes de notre enfance, les nouvelles de Keret regorgent de personnages récurrents.
Notamment les nains, les nabots et autres faux enfants qui défient la logique commune.
Ecrivain-culte de la jeune génération israélienne
En prenant pour décor Israël, tout en privilégiant la narration à la première personne du singulier, Keret est d’une modernité qui tranche.
Tout en ancrant ses fables à Tel Aviv, en évitant le récit collectif, il leur donne un souffle et une portée universelle qui séduit un lectorat jeune et mondialisé.
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