Mourir avant que d’apparaître
de Rémi DAVID
Abdallah, acrobate au Cirque Pinder…
Au commencement, en 1948, la mère du petit Abdallah n’a pas d’autre choix.
Le père du petit a disparu, les laissant sans ressources
C’est pourquoi elle confie son fils au Cirque Pinder où il aura au moins le gîte et le couvert.
C’est ainsi qu’avec son ami marocain Ahmed, Abdallah fera les quatre cents coups et deviendra acrobate.
Comme Abdallah, Ahmed venait de la poussière, de la pauvreté, c’était un enfant du mépris et Genet aimait la poussière.
…rencontre Jean Genet, auteur en panne
C’est à Paris que Jean Genet fera la rencontre du jeune artiste de cirque.
Alors commencera une relation passionnelle dans laquelle l’auteur de Querelle de Brest retrouvera l’inspiration.
Genet ne se contentait jamais, quand il aimait, de vivre avec quelqu’un. Vivre une histoire d’amour, ça n’était pas assez. C’était bien trop banal, c’était sans intérêt. Il s’agissait plutôt, grâce à l’amour, de créer quelque chose qui, jusqu’alors, n’était rien. Faire quelque chose de quelqu’un. C’était ce qui lui plaisait. C’était ce qui l’excitait.
En même temps qu’il entreprend de façonner la carrière de funambule de son protégé, Jean Genet écrira Le Balcon, Les Nègres et Les Paravents, entre autres.
Plus dure sera la chute
Dans un style concis et efficace, Rémi David restitue un passage de la vie de Genet sans essayer de rendre l’écrivain sympathique, au contraire.
En effet, on peine à trouver des motifs d’affection dans les ambitions démesurées de ce Pygmalion exigeant et outrancier.
En revanche, on s’attache à Abdallah dont on soupçonne très vite que l’ascension fulgurante préfigure un destin tragique.
Nembutal à Domodossola
Comme si on y était, on déambule dans un Paris et une Europe en noir et blanc.
On croise Sartre, Giacometti et Pompidou, sur fond de guerre d’Algérie.
Finalement, Jean Genet, dont le goût prononcé pour le Nembutal – aujourd’hui interdit, depuis 1996 – a failli lui coûter la vie en 1967, trouvera à exercer ses talents de mentor avec d’autres qu’Abdallah.
Un premier roman parfaitement maîtrisé que je recommande sans hésiter.
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