La Nuit des Pères par Gaëlle JOSSE
Isabelle revient au pays à contre-coeur
Au commencement, la fille prodigue, documentaliste des profondeurs marines, revient à la demande de son frère.
En effet, leur père, veuf octogénaire, est atteint de la maladie de l’oubli.
Bref, le guide de montagne chevronné, malgré son corps d’athlète, ne peut rien contre l’Alzheimer qui le frappe.
Après Vincent, son compagnon adoré, Isabelle va-t-elle maintenant perdre son père destructeur ?
Me voilà donc revenue. Il le fallait, un jour ou l’autre. Je n’avais pas imaginé que ce serait de cette façon-là, face à l’effritement, au délitement. Toi, mon père, tout en colère, tout en dur, en résistance, en impatience. Alors, oui, dès que j’ai pu, j’ai fui la montagne, j’ai fui ta colère, j’ai fui notre mère brûlée par cette incandescence. J’ai été la fille qui part, la fille de mauvaise humeur. C’était ça ou mourir étouffée, enterrée vivante sous tes emportements, cernée de montagnes, loin du monde que je désirais tant découvrir.
Un frère solide comme un roc
Heureusement, elle peut compter sur Olivier, qu’elle a abandonné en même temps que ses parents lorsqu’elle a fui la montagne trop oppressante.
Finalement, au crépuscule de sa vie, le père veut se livrer dans l’espoir de délivrer ses enfants du poids de la honte.
Un certain 9 décembre 1961
Jeune soldat appelé en Algérie, le père sera témoin de l’indicible.
En conséquence, les stigmates qu’il en gardera feront de lui le parent irascible et taciturne qu’Isabelle a toujours craint.
L’enfer est vide. Tous les démons sont ici. (La Tempête de William Shakespeare)
L’épilogue réserve encore une surprise
Toutefois, une lumière neuve éclaire les dernières pages du récit.
C’est ainsi que la voix apaisante d’Olivier décrypte les derniers instants avec quiétude et lucidité.
Sensible et tout en demi-teinte, ce beau livre de Gaëlle Josse mérite d’être remarqué parmi les centaines d’ouvrages que la Rentrée Littéraire nous promet.
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