Pourquoi parler encore des mecs ? Quand tout se passe comme si les humains étaient hommes par défaut et femmes par exception, il semble qu’on n’en parle déjà que trop. A y regarder de plus près, cependant, on parle beaucoup d’hommes mais plus rarement des hommes. On parle d’individus en particulier, bien peu de la classe des hommes dans son ensemble. On parle des Grands Hommes, moins de tous ceux qui envoient des photos de leur pénis sur Internet. On parle plus des ministres que des violeurs (sauf quand il s’agit du même type). Alors, si nous retournons le regard féministe vers les hommes, que voyons-nous ? Soudain, on comprend comment les hommes sont construits et les histoires qu’on se raconte sur la » nature masculine » se révèlent mensongères. On voit que l’amour des hommes pour les femmes n’est pas un cadeau. On voit qu’en un sens les hommes préfèrent de toute façon les hommes, ce qui ne les empêche pas d’être homophobes.
On ne naît pas mec par Daisy Letourneur chez Zones
Je suis une femme blanche, trans et lesbienne et mon point de vue n’est pas moins neutre qu’un autre. Je vais recourir à des statistiques, des théories, des histoires, des dessins et des punchlines pour vous faire poser un nouveau regard sur vos pères, vos frères, vos compagnons, vos ex – et peut-être sur vous-même.
En quatre parties, construites autour de la grande question masculine, l’autrice nous propose une analyse pertinente, hilarante, effarante, plurielle et honnête!
Première partie. La nature masculine
Deuxième partie. Ce qu’on dit des hommes
Troisième partie. Les hommes entre eux
Quatrième partie. Avec les femmes
Ces quatre parties sont découpées en chapitres tous plus intéressants les uns que les autres qui présentent un panel de relations systémiques qui lient les hommes avec les femmes, qu’ils entretiennent avec les autres hommes et finalement, avec la société. Son analyse est fine, vraiment très fine et si le ton de l’humour est choisi, les sujets traités sont graves. C’est peut-être la solution pour que des hommes prennent en main son ouvrage? Rires de soi? Trop souvent les livres traitant de ce sujet ne sont lus que par des femmes… Elle décrypte les comportements, les mécanismes et les composantes de la masculinité, sans oublier les normes du genre, avec un mordant délectable! Elle épingle les « mecs » et si toi homme valeureux qui empoigne son ouvrage te sens piqué au vif, c’est que le travail d’analyse et de déconstruction n’est pas encore terminé. Parce que Daisy Letourneur expose avec brio cette notion. Elle fait rager pas mal de monde et pourtant cette déconstruction a tellement à offrir dans les dialogues sociétaux futurs. Se déconstruire de l’éducation patriarcale, des injonctions à incarner un idéal masculin, et finalement d’un mythe, ce n’est pas renier sa masculinité; c’est se poser la question: quel homme je veux être? L’autrice convoque de vieux philosophes, des piliers féministes et des personnalité bien plus actuelles pour référencer ses réflexions. La génialissime Monique Wittig, la grande Simone, la complexe Judith Butler, la merveilleuse Liv Strömquist, la pertinente Victoire Tuaillon et impertinente Titiou Lecoq sans oublier Natalie Wynn, Adrienne Rich et même le particulier John Stoltenberg. Elle nous embarque dans Fight Club, Free Guy, Matrix, nous ouvre la porte de la chaîne Clémentine et truffe son analyse de chiffres et de données!
On ne naît pas mec est un essai passionnant et captivant! Daisy Letourneur parvient à nous faire rire et réfléchir tout en avançant sur un sujet capital!
« Il n’est pas suffisant d’être bien élevé et bienveillant pour mériter quoi que ce soit dans la vie. Vous n’êtes pas un féministe juste parce que vous traitez votre copine et votre maman à peu près correctement, pas plus que vous n’êtes un grand humaniste juste parce que vous ne donnez pas de coup de pied aux SDF dans la rue. Qu’avez-vous fait concrètement contre le patriarcat ? (…)
Quand bien même vous détruiriez le patriarcat par amour, aucune femme ne vous devra ni affection ni relation sexuelle. La séduction n’est pas une transaction. Quant à l’idée que les filles préfèreraient les bad boys qui les maltraitent, elle ne semble pas très solide quand on voit comment ceux qui pensent être des nice guys les traitent. Est-ce que beaucoup de femmes hétérosexuelles vont faire de mauvais choix amoureux ? On n’en doute pas. Est-ce qu’elles ont beaucoup de bons choix à disposition ? Ça reste à démontrer.
Le monde ne se divise pas entre gentils et mauvais garçons. Il y a des personnes qui se comportent correctement à un moment donné et d’autres pas, et, en tant qu’être humain, vous êtes toujours susceptible de faire l’un ou l’autre. Évaluez donc vos actions indépendamment de l’opinion que vous avez de vous-même et des autres, et vous éviterez de commettre tout un tas de bêtises ou de penser mériter des choses qui ne vous sont pas réellement dues »
« Le sentiment de nombreux hommes blancs hétéros de vivre dans la médiocrité et de courber l’échine n’est pas infondé. L’erreur de beaucoup d’entre eux est, par misogynie, de croire que le pied qui les écrase porte un talon aiguille plutôt que des Weston Richelieu noir à 770 € TTC. «
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