Mon grand-père s’est assis, les coudes sur la table. Il se chauffe les os.
Le chemin des éphélides sur ses bras mène au caillou nu de son crâne, à l’énigme d’un être qui s’occcupe de moi sans m’avoir fait.
Il fixe le feu, la gigue sautillante des flammes, et ce qu’il voit, ce qu’il entend, je pourrais à présent l’inventer, en faire des phrases, c’est si facile; mais en ce temps de l’enfance où tout est à apprendre, je bute contre le mystère de cet homme qui voit ce que je ne sais pas voir, qui entend ce que je ne sais pas entendre.
Le Petit Roi de Mathieu BELEZI
Mathieu, 12 ans, découvre les beautés de la campagne chez son grand-père
Je viens de terminer la lecture du roman « Le Petit Roi » de Mathieu Belezi, et je suis encore sous le choc. Ce livre m’a bouleversé et a suscité en moi de nombreuses émotions contradictoires. D’abord, nous suivons Mathieu, âgé de 12 ans, alors qu’il découvre les beautés de la campagne chez son grand-père, un paysan rugueux et taiseux. Une affection distante et discrète se développera entre son grand-père et lui. Cependant, ce roman s’avère bien plus complexe que cela, car Mathieu assiste à la violence entre ses parents, une violence qu’il ne sait comment exprimer autrement que par la violence également. Cette spirale de violence inéluctable m’a profondément dérangé.
Des descriptions de la nature particulièrement réussies
Pourtant, malgré toute cette noirceur, l’écriture de Mathieu Belezi demeure magnifique. Elle est maîtrisée, riche, originale, autant que précise et poétique. Les descriptions de la nature sont particulièrement réussies et m’ont fait ressentir la beauté et la force d’une vie au grand air. En somme, c’est un livre qui nous prend aux tripes et nous fait réfléchir sur la complexité de l’âme humaine.
Une formidable découverte
Les retours en arrière impromptus dans le récit de Mathieu Belezi, nous plongent au cœur de la violence familiale. Ils montrent la difficulté de Mathieu à exprimer ses émotions et sa douleur. Malgré la noirceur du roman, il y a des moments de répit bienvenus. Que ce soit un cadeau de Noël inattendu ou la beauté de la nature, soudain Belezi sait nous offrir une bouffée d’air frais. Ainsi, bien que certaines scènes de violence peuvent susciter un malaise chez le lecteur, cela ne fait que souligner l’un des plus grands atouts de ce livre. Il ne laisse personne indifférent. C’est pourquoi, je recommande vivement à tous les lecteurs de lire ce magnifique premier roman, une formidable découverte.
(Publié une première fois en 1998, et inexplicablement oublié depuis, Le Petit Roi est le premier roman de Mathieu Belezi.)
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