Quand elle joue avec Antonio et qu’ensemble ils montent dans les aigus du violon, d’une table d’harmonie à l’autre, d’une corde à l’autre, archers synchrones, accords parfaits, demi-cadences, improvisations, elle puise désormais ses forces à la racine d’une ineffable oscillation, puissante et vivante, celle de l’amour qui se méle à celle du son.
Splendeur et décadence de Venise
« Le Grand Feu » de Léonor de Récondo est une œuvre poignante. Vous y plongerez au cœur de l’effervescente Venise du 18ème siècle. Prenez le destin d’Ilaria Tagianotte. Née dans une famille de marchands d’étoffes, la jeune protagoniste nous offre une vision captivante d’une ville empreinte de splendeur et de décadence.
Dès ses premiers jours, Ilaria est confiée à l’institution bienveillante de la Pietà. En effet, voilà un refuge pour les enfants abandonnés. Un lieu qui offre une chance de survie et d’épanouissement à travers la musique. Premièrement, c’est dans ce cadre unique que l’héroïne découvre sa passion pour le violon. Deuxièmement, c’est là aussi qu’elle tisse une amitié indéfectible avec Prudenza. De ce fait, cette amitié transcende les grilles de la Pietà. Et représente pour Ilaria une ouverture précieuse vers le monde extérieur.
Une symphonie d’émotions
Léonor de Récondo nous dépeint avec une sensibilité remarquable le conflit qui étreint le cœur d’Ilaria à l’aube de ses quinze ans. L’amour, tel un grand feu, la consume et brise les murs protecteurs qui l’ont jusqu’alors préservée de l’ardeur du monde. Du coup, ce sentiment bouillonnant se mêle à sa passion pour la musique. En conséquence, une symphonie d’émotions naîtra où se confondent désir charnel et harmonies envoûtantes.
Venise, telle une muse, se révèle comme un personnage à part entière. Ses palais majestueux, ses théâtres foisonnants et son carnaval interminable offrent le cadre somptueux dans lequel évolue Ilaria. Malgré son déclin politique, la ville conserve son éclat artistique et musical. Notamment grâce au génie d’Antonio Vivaldi, maestro vénéré dont Ilaria devient la copiste.
Le grand feu, c’est celui qui m’anime, et me consume, lorsque je joue du violon et lorsque j’écris.
(Léonor de Récondo)
En somme, « Le Grand Feu » est une œuvre d’une rare intensité qui entremêle habilement l’amour et la musique baroque. Léonor de Récondo nous transporte avec finesse et émotion dans cette Venise flamboyante. La romancière-musicienne nous offre ainsi une immersion sensorielle dans une époque où l’art et la passion se conjuguent avec une grâce envoûtante. En conclusion, voici un récit qui résonne longtemps après la dernière page tournée.
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