Il faut du temps pour acquérir le sens de sa nouvelle envergure. Les roues, le fauteuil, deviennent MES roues, MON fauteuil. Les gens pleins de bonnes intentions qui vous poussent pour remonter une pente sans vous demander votre avis n’ont aucune idée de l’intrusion dans votre espace personnel que ça représente. Vous finissez par acquérir une conscience, pareille à la sensibilité des moustaches d’un chat, des espaces dans lesquels vous et votre fauteuil pouvez vous faufiler sans ralentir. Mais ça prend du temps, des pouces pincés et des chambranles de porte endommagés. Dans chaque pièce de la maison de Jack, les murs témoignent de cette histoire sous forme de hiéroglyphes de peinture éraflée et de traces de pneus.
Handicapé suite à un accident tragique
Par-dessus tout, cette œuvre captivante explore les thèmes de la famille, de la culpabilité et de la reconstruction. C’est ainsi que le narrateur, comme l’auteur, se prénomme Jarred. Suite à un accident tragique, il se retrouve lourdement handicapé et dans l’obligation de retourner chez lui. En conséquence, il fait appel à son père, Jack, avec qui il avait rompu les liens dix ans plus tôt sur fond d’alcoolisme.
Retrouvailles père-fils après 10 ans
Ensuite, le récit alterne entre passé et présent. En effet, l’alcoolisme violent du père et la disparition de sa mère après une rupture d’anévrisme ont marqué la vie de Jarred. Du coup, suite à un accident de voiture, le jeune homme de 26 ans tente de reconstruire sa vie sur un fauteuil roulant. C’est pourquoi, dans cette transition entre les deux époques, la relation entre Jarred et son père est tendue. Toutefois, l’adaptation à cette nouvelle réalité s’avère difficile pour les deux hommes.
L’auteur dépeint les scènes avec une grande précision, révélant à la fois les aspects horribles et tragi-comiques du handicap. Par ailleurs, le titre énigmatique du roman, « Le lâche », suscite des questionnements tout au long de la lecture. Qui est réellement le lâche ? Est-ce Jarred, qui a choisi de fuir plutôt que d’affronter les problèmes familiaux ? L’auteur nous pousse ainsi à réfléchir sur le sens de ce titre et à interroger nos propres convictions.
Jarred McGinnis a vécu aux États-Unis avant de s’installer en Écosse puis en France, où il réside désormais avec sa famille. Acclamé par la critique et salué comme l’un des meilleurs romans de l’année par The Guardian et la BBC Le Lâche connaît un succès considérable outre-Manche.
Le récit clair-obscur d’une rédemption
Personnellement, je n’ai eu aucune difficulté à m’immerger pleinement dans le roman. Plus j’avançais dans l’histoire et plus je m’intéressais aux personnages. Progressivement, le ton sombre du début laisse place à une vie retrouvée et à la découverte de nouvelles valeurs.
En conclusion, voici un roman puissant et émotionnellement chargé qui explore des thèmes universels avec tact et candeur. À travers son écriture détaillée et ses personnages captivants, l’auteur nous offre une histoire qui ne manquera pas de toucher les lecteurs.
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