En Été par Karl Ove Knausgaard
Une littérature de l’intime banalité
Parallèlement aux 6 volumes de Mon Combat qui firent sa notoriété, K.O. Knausgaard a aussi écrit un Quatuor des Saisons dont En Eté constitue le dernier volet.
Il y cultive son don pour l’introspection et l’analyse hyperréaliste des choses de la vie. En quelques phrases il vous happe par un style épuré d’une sincérité désarmante.
Petit catalogue des souvenirs d’été
D’abord, le récit égrène un catalogue de souvenirs d’étés passés qui rappellent Mythologies de Roland Barthes : éclectiques, savoureux, désopilants, quelque soit le sujet, ils donnent au lecteur matière à réfléchir.
Ensuite, viennent s’intercaler les pages de son journal intime de l’été 2016. Le quotidien on ne peut plus banal d’un père en charge de ses 4 enfants dont on suit les péripéties minuscules avec intérêt.
Être père en dépit de son père
Les rapports de Knausgard avec son géniteur alcoolique et violent étaient au coeur de Mon Combat.
C’est pourquoi on suit avec une empathie admirative les questionnements incessants de l’auteur concernant sa propre autorité paternelle.
‘Ne pas marcher dans les pas de mon père’ semble être sa devise, en somme.
Un journal intime écrit à sa fille Anna
Anna, la benjamine de la fratrie, n’a que 3 ans. Toutefois, c’est elle la destinataire de ce texte émouvant.
Finalement, on devine que K. O. Knausgaard a puisé son inspiration dans sa propre enfance, en s’efforçant de retrouver sa ‘madeleine de Proust’.
En d’autres termes, un dialogue père-fille s’installe, fil rouge de cette chronique estivale envoûtante.
Ponctué de très belles aquarelles de l’artiste peintre allemand Anselm Kiefer, cet ouvrage sensible et attachant est à découvrir sans délais.
Tu dors. Tu as passé la journée à courir en culotte dans la maison, de bonne humeur, sans fièvre, tu as juste le nez qui coule et une légère toux. Tu as répété presque tous les mots que tu n’avais encore jamais entendus, c’est comme si tu te les appropriais en les prononçant, comme s’ils devenaient une partie de toi. Comme si tu t’en emparais. Et ceux que tu saisis, tu les conserveras toute ta vie, car une fois là, en toi, ils ne disparaîtront pas. Grâce à toi, tout à coup, moi aussi je suis sensible aux différents mots qui papillonnent entre nous.
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