Pierre vit avec sa compagne Victoria dans la maison familiale de Roseville-sur-Mer, en Normandie. En attendant une offre d’achat, ils réagencent les pièces, éclaircissent les murs, habitent les lieux à la recherche d’un chez-soi rassurant.
Pierre aime vivre sur cette côte, dans cette province maritime gouvernée par l’oisiveté et les heures des marées. Depuis ce refuge, il en oublie presque la balafre au fond de son cœur.
Pourtant une tempête se rapproche. Henri son père sort de prison. Il y purgeait sa peine: le féminicide de Sophie, la mère de Pierre.
Alternant les souvenirs de Pierre, le texte nous présente les blessures passées et celles, encore vives mais gérées, d’un aujourd’hui. Les bonheurs et les joies sont aussi racontées parce que si Pierre a perdu sa mère à l’âge de 18 mois, il a été élevé dans une famille aimante qui lui a offert tout l’amour possible et une vie la plus normale qu’il soit. Un récit qui nous ballade dans le temps et l’espace, entre virée à moto, découverte de l’amour, souvenirs de sa mère, exploration de la généalogie familiale et quelques explosions de rage.
Pierre n’a que l’absence de ses parents et cette idée d’écrire sur une des conséquences d’un féminicide est une très bonne idée. Comment grandit-on quand on est l’enfant d’un meurtre et que l’on a que le souvenir de sa propre mère? Les souvenirs que l’on se construit au travers de quelques photos encore accrochées aux murs, des bribes de phrases et anecdotes que l’entourage nous murmure ou d’un carton poussiéreux dans un grenier.
Pierre a des failles et si elles sont faites de colère, elles sont surtout colmatées de silence. La libération du père meurtrier va décoller cette chape et immanquablement invoquer les rancœurs. Pourtant le lecteur est peu touché par ces émotions. C’est un texte vivant mais trop bien construit qui nous est livré. Tout est très maitrisé, parfois très littéraire, souvent trop décrit et l’émotion en devient superflue. Je suis fait de leur absence est de ces romans où l’on peut sauter des pages, rien de grave en soi, sauf qu’il en fait à peine 250, de pages. Alors oui, il y a des passages délicats et émouvants; Tim Dup sait parler de l’intime et quand il le fait c’est très beau sauf que ces confidences sont trop rares.
Un premier roman qui a tout pour bien faire et qui, justement, fait bien. C’est dommage car il aurait pu faire mieux.
Tim Dup est avant tout un artiste musical et à ce sujet, son talent d’écriture est indéniable. A la fois mélancolique et charnel, il infuse une poésie délicate et espiègle dans ses chansons. J’aurai aimé retrouver ces qualités dans son premier roman. Pourtant j’ai passé un agréable moment en compagnie de Pierre et sa famille et je ne manquerais pas de replonger dans un nouvel ouvrage de l’auteur qui, j’en suis sûre, trouvera sa plume littéraire comme il a trouvé sa musicale.
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