De nos jours, il y a des rayons entiers d’ouvrages consacrés à ce que l’on appelle « l’écriture créative », comme s’il pouvait exister une écriture qui ne le soit pas, et j’adore me plonger dedans. S’ils soulignent le fait que l’intrigue est généralement ce qu’il y a de moins intéressant dans un roman, rares sont les guides qui expliquent que la frustration est le seul moyen d’arriver à quoi que ce soit. Pour l’écriture (comme c’est le cas, j’imagine, pour toute forme d’art), la frustration, cette impression d’être bloqué pour l’éternité, de vivre dans un intervalle sans fin, est essentielle – et ce avec quoi les écrivains doivent composer à longueur de journée. La frustration est un moteur, un stimulant, une occasion donnée et repoussée, si bien que l’on peut s’en servir et travailler avec elle de façon que les doutes et les angoisses deviennent agréables. L’astuce, c’est de ne pas évacuer la frustration trop tôt, car c’est un espace de production, voire d’agitation, où l’on doit attendre et imaginer. La satisfaction de parvenir à un déblocage, ou de finaliser quelque chose, n’a pas grand sens comparé au plaisir de l’effort. Quand on arrive au bout, cela signifie simplement que l’on doit recommencer à nouveau.
Que s’est-il passé ? d’Hanif KUREISHI
Les essais d’un explorateur audacieux
Hanif Kureishi, célèbre auteur de « My Beautiful Laundrette », nous ravit une fois de plus avec son dernier ouvrage intitulé Que s’est-il passé ? . Dans ce recueil de nouvelles et d’essais captivants, Kureishi explore avec ingéniosité et audace les événements qui façonnent notre monde et notre passé récent. À travers ces pages, il parvient à exprimer avec précision les expériences auxquelles nous sommes inconsciemment plongés.
L’une des forces incontestables de Kureishi réside dans sa capacité à trouver une cohérence dans le désordre apparent de notre réalité. Dans ses réflexions fécondes, il utilise habilement sa propre expérience comme point de départ. En conséquence, il aborde des sujets aussi variés que l’intimité amoureuse ou les monuments culturels – classiques et populaires. De plus, il nous plonge même dans des rencontres avec des figures emblématiques : Antigone, Keith Jarrett, David Bowie, voire la série Mad Men. Rien n’échappe à son regard aiguisé et à sa curiosité insatiable.
Sincère et déconcertant
Parmi les thèmes qui l’obsèdent, Kureishi explore également des questions profondes liées à la religion, à l’identité culturelle, à la liberté d’expression et à la question raciale. Avec une sincérité déconcertante, il pénètre au cœur de ces sujets complexes, offrant des perspectives nouvelles et stimulantes qui invitent à la réflexion.
Ce qui rend cet ouvrage si précieux, c’est la manière dont Kureishi parvient à mélanger subtilement l’ironie et l’humour anglais sans bornes qui le caractérisent. Sa plume entraînante nous embarque dans un tourbillon d’idées et de réflexions. On en ressort à la fois émerveillés et profondément engagés.
Remettre en question nos propres certitudes
En somme, ce recueil est un florilège du meilleur d’Hanif Kureishi. Avec son inventivité toujours renouvelée, il nous offre un essai littéraire d’une grande richesse. À travers ses mots justes, il nous incite à remettre en question nos propres certitudes et à envisager le monde qui nous entoure sous un angle nouveau. Que vous soyez déjà un admirateur de Kureishi ou que vous découvriez son travail pour la première fois, ce livre est un incontournable pour tous les amoureux de la chose culturelle qui cherchent à nourrir leur esprit et leur imagination.