C’est en septembre 2021 que sort un livre particulier, celui de Sarah Briguet, Miss Suisse 1994. Un livre témoignage, un livre libérateur, un livre bouleversant. Une parole qui se libère et pose des mots; celui de l’inceste. Elle raconte les abus de son père, l’ultime trahison, l’horreur de l’intimité bafouée et les ravages qui en résultent.
Depuis sa prise de parole, et comme encore trop souvent aujourd’hui à chaque nouveau témoignage; le monde entier semble découvrir ce tabou; l’inceste. Nous, en tant que société, tremblons et pleurons face à ce secret qui se met enfin à hurler mais très vite nous oublions, posons un couvercle hermétique sur ces histoires pour pouvoir continuer de nous dire que ce sont des cas isolés. Cependant, après son témoignage, Sarah Briguet est inondée de messages, de soutiens bien sûr et de tant de confessions de Ces-gens là; ceux qui ont vécu les mêmes épreuves qu’elle. Pourtant il existe une différence; Sarah est connue, donc crue, écoutée et sa parole relayée. Alors elle décide de faire quelque chose de sa notoriété et quand elle croise la route de Béatrice Riand tout se fait naturellement. Béatrice Riand a aussi écrit un livre de violences. Si les blessures ne sont pas les mêmes, il y a une solidarité dans la douleur et de cette affinité nait généralement des choses fabuleuses. Les deux autrices ont écouté Ces gens-là et Ces gens-là ont raconté, mis des mots, craché des douleurs, avoué des peurs, pris la parole. Sous la plume folle de Béatrice en est sorti ce livre et nous devons le recevoir. Huit récits écrits de façon magistrale, avec toute l’empathie possible et de la délicatesse dans chaque mot choisi. Ces témoignages racontent l’innommable et ils vous brisent le cœur mais il faut faire une différence ; ce ne sont pas les récits qui sont insoutenables, ce sont les crimes qu’ils dénoncent. J’ai pleuré de bout en bout, silencieusement et parfois à m’en étouffer de sanglots. J’ai posé le livre pour respirer, pour me reconnecter avec ma réalité mais jamais je n’ai hésité à m’y replonger. Béatrice Riand réussi le tour de force de donner une parole forte, belle et constructive aux victimes. Elles nous disent une vérité, effroyable oui, mais qu’il est nécessaire d’entendre ; pour que cesse ce tabou, pour qu’irradie la parole, pour que plus jamais une victime ne se taise.
Nous sommes à l’aube d’une société nouvelle ; plus moderne, plus efficace, plus progressiste, plus, toujours plus. Cette société nouvelle ne se fera pas sans la considération des victimes. N’importe quelle victime, toutes les victimes ; il n y a pas de hiérarchies dans l’atrocité. Pourtant, l’inceste est encore trop peu visible. Nous, en tant que société, le laissons vivre dans le confort du secret familiale, celui de ce qui ne se dit pas parce que « cela ne nous regarde pas ». Oui l’inceste est impensable, inimaginable mais ce n’est pas parce que notre cerveau refuse l’intolérable qu’il n’existe pas. Et si, sous couvert de sensibilité, nous ne sommes pas capables d’entendre celles et ceux qui prennent la parole alors nous ne méritons pas de faire société. Ouvrez ce livre incroyable, prenez un paquet de mouchoirs et ensemble avançons vers un monde meilleur.
Sarah Briguet et Béatrice Riand seront en dédicace le samedi 20 janvier de 14h à 17h à la Fnac de Conthey. Les deux autrice seront accompagnées d’Yves Gaudin, écrivain et docteur en psychopathologie clinique qui a signé la postface de l’ouvrage.
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