de Guillaume PERILHOU
Guillaume aime sa maman trop fort
Dès le début, le narrateur, Guillaume, 13 ans, donne le ton.
Résolument franc, sans fard, bouillonnant.
48 courts chapitres qui slaloment entre le passé et le présent dans un langage parlé très convaincant.
En effet, les (présumés) attouchements incestueux du père, l’incrédulité de la Justice, une mère défaillante, Guillaume livre tout en vrac, dès les premières lignes.
Mythomane, schizophrène, hyper-lucide ou tout cela à la fois ? Aux lectrices et aux lecteurs d’en juger sur la base d’un récit livré brut de coffrage.
D’autre part, Raffaella est la flamboyante incarnation de Guillaume lorsqu’il revêt bijoux et talons-aiguilles pour son compte Instagram.
Toutefois, cet alter ego lui vaudra aussi l’incompréhension et, en fin de compte, signera sa perte.
Plongeon dans l’hôpital psychiatrique
En conséquence, « pour son bien », on enferme l’adolescent en HP, où il découvrira toute la panoplie des camisoles chimiques en usage, ainsi que les joies de l’internement.
Pour ainsi dire, c’est Raffaella qu’on assassine…
Ce principe de la chambre d’isolement c’est un truc de schizophrène : à l’extérieur, quand on est fou, pénalement on n’est pas jugé responsable de ses actes, mais chez les fous quand on fait une connerie on est puni. Vous voyez la logique ?
Par ailleurs, la rencontre de Clément, anorexique, abolira les nombreuses épreuves endurées.
C’est ainsi que les amoureux tenteront le tout pour le tout en s’évadant du foyer pour assouvir un désir d’Italie et de liberté.
Finalement, quelle sera l’issue de cette escapade ? Sauront-ils échapper à leurs geôliers – et à leurs propres démons ?
Roman basé sur un fait divers véridique
Guillaume Perilhou prit connaissance d’un procès qui se déroula à Venise en 2013.
Les juges y ordonnèrent qu’un jeune adolescent en questionnement de genres soit institutionnalisé.
Ceci dans le but avoué de le séparer de sa mère, coupable selon eux de son goût pour le travestissement.
Il ne fallait plus que je voie ma mère pour devenir un homme.
Dans ce premier roman d’une maîtrise impressionnante, l’auteur donne à ressentir de l’intérieur, le vécu du jeune garçon en prise avec une transphobie et une homophobie systémique, hélas toujours en vigueur.
(Pour information, le titre est une référence à « Kill your Sons » de Lou Reed).
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