Stephen King écrit son premier roman en 1974 et il continue à publier. Autant dire qu’il a accompagné des générations entières dans l’imaginaire, les cauchemars et l’amour de la lecture! Près de soixante romans: horreur, policier, fantastique ou de science-fiction et des nouvelles. Certains écrits sous son nom d’autre sous le pseudonyme de Richard Bachman, l’auteur n’a plus rien à prouver. Il est un maître incontesté de nos peurs et de nos nuits blanches! En 2018, Hulu diffuse la toute nouvelle série Castle Rock, chez nous c’est sur la chaine qui fait Toudoum qu’on peut la découvrir. Petit topo de cette réalisation par la grande Fan que je suis.
Une série de qualité qui ancre un peu plus Stephen King dans notre patrimoine collectif
En a-t-il besoin ? Pour tous lecteur de King la réponse est évidemment non. Ses personnages et autres monstres sont déjà clairement entrés dans notre culture populaire. Même les novices de King le connaissent sans le savoir. Ses romans nous marquent tellement, sur tant de générations, qu’on se le transmet sans cesse. Pour les aficionados c’est une série qui permet de replonger dans des émotions, de renouer avec des personnages aimés ou détestés et de mettre des décors sur des lieux. Bien que pour cela nous n’avions pas vraiment besoin du cinéma ; Stephen King est le champion es descriptions : toujours précises, riches et généreuses tant en détails qu’en sensations.
La première raison de la réussite de cette série c’est qu’elle n’adapte pas un roman du Maître mais qu’elle s’inspire de son univers. Adapter Stephen King est un exercice périlleux. Tous les fans (un tant soi peu objectifs) admettrons qu’il a été maintes fois raté…
Les démons du maïs (n’importe lequel, il y a eu suffisamment d’adaptations loupées pour que vous ayez l’embarras du choix, et embarras est le mot parfait pour décrire ces œuvres) Charlie Firestarter, Cujo, Peur Bleue, Simetierre, Les Tommyknockers, Dreamcatcher ou encore Cell Phone et dans les hautes herbes, the Mist… Si certains de ces longs-métrages sont devenus des cultes de série B ils restent ce qu’ils sont : des ratages complets. Je vous pousse vraiment à les voir, pour en rire, pour vous forger un avis ou pour asseoir définitivement votre amour du mauvais goût !
Je peux admettre que certains réalisateurs ont produit quelques œuvres qui tiennent la route :
Quelques épisodes de CreepShow, le récent Docteur Sleep, Carrie (celui de De Palma) Dead Zone, Running Man et les Ça (téléfilms et films) 22.11.63
Il y a peu de films qui obtiennent mes faveurs : Shinning, Christine, Stand By Me
et encore moins que je qualifie de réussites : Les évadés, Misery, Dolores Claiborne et la Ligne verte.
Je voudrais quand même mettre en avant Maximun Overdrive. Spéciale mention à Stephen King lui-même pour ce ratage. Il a tout fait même: écrire la nouvelle et passer derrière la camera. Il n’aurait pas du… Ce n’est pas parce qu’on est un bon cuisinier qu’on sait tenir un restaurant…
Mais Maximum Overdrive reste une curiosité cinématographique à voir (oui les yeux saignent)
Mais revenons à Castle Rock
Dans les sous-sols désaffectés de la prison de Shawshank à Castle Rock, le directeur trouve « Le Kid » un homme enfermé là depuis on ne sait quand. L’homme, complètement perdu, répète sans cesse un nom : Henry Deaver, un avocat des condamnés à mort. Henry Deaver a grandi à Castle Rock et est volontairement parti sans réelle intention d’y revenir. Pourtant il va répondre à l’appel de ce prisonnier étrange.
On fait donc connaissance avec Castle Rock qui est un lieu incontournable de l’univers de Stephen King. Comme Dery, cette ville du Maine est le tableau de nombreux romans. On fait la connaissance de la ville pour la première fois dans Dead Zone et elle devient culte dans Bazaar : le talent de King nous en fait une description si précise et détaillée qu’on arpente les rues avec les protagonistes.
Je suis de la génération « pas née avec internet » Dery et Castel Rock étaient si réelles pour moi que j’ai même acheté une carte géographique du Maine pour tenter de situer ces villes…. (si vous doutiez de mon amour littéraire pour Stephen King, vous voila convaincu) C’était même devenu un de mes rêves d’adolescente : organiser un voyage dans le Maine pour visiter toute la géographie de Stephen King…
Et bien je n’ai pas été déçue de la représentation de la ville dans cette série. Au contraire, elle a pris vie sous mes yeux de façon agréable et curieuse. Boutiques, bâtiments et autres jardins sont revenus à ma mémoire, vieux amis qu’on a plaisir à retrouver. L’intelligence de la série est de poser cette question : Est-ce que la ville est le témoin de phénomènes étranges ou est-elle une actrice à part entière de ces scénarios ? Meurtres sordides, suicides et crises économiques font de cette bourgade un anti-rêve américain. Pourtant il fait bon vivre à Castle Rock. Les liens sociaux existent, les commerces vivotent, les gens mènent un train train banal. C’est là une des force de Stephen King, le sombre et le pire se logent et se nourrissent dans nos habitudes. Pas besoin de monstres tentaculaires pour effrayer. Nos travers, nos tristesses et nos faiblesses sont un terreau bien suffisant pour créer de l’horreur : banale et crasse. La ville a quelque chose d’inquiétant, on sent très vite qu’elle est un personnage dans l’histoire. Son atmosphère est particulier mais reste à hauteur d’homme, rien de surnaturel : tout est bien plus simple et bien plus angoissant. Comme toutes les histoires de Stephen King.
Le décor est planté et réussi
Il reste à poser l’intrigue et les personnages. Là aussi, la série rempli son contrat. Le fil conducteur est Le Kid : comprendre ce qu’il faisait dans les sous-sols de cette prison et si l’en libérer était une bonne idée. Justement, le Kid intrigue. De là à dire qu’il effraye ou terrifie, non… mais le suspens fonctionne, les stratagèmes sont fins et intéressent. Beaucoup de questions sont posées sans que des réponses immédiates y soient apportées. Du coup, on réfléchit et on élabore quelques théories. C’est agréables de faire fonctionner son imagination, de ne pas avaler un scenario prémâche. Chaque personnage recèle assez de mystères pour qu’on reste attentif, curieux et prêt à être surpris. Les rôles sont brillamment tenus par un casting de qualité. Pour toutes ses raisons, la série est une bonne série qui plaira à tous les non-connaisseurs de King. Jusqu’ici tout va donc bien. Là où le risque commence c’est quand elle s’adresse aux fans. Parce que le fan est rarement empathique, bienveillant et objectif. Et bien je l’affirme, de ce côté là également la série fait le job et le fait très bien ! Elle est truffée de détails, de clin d’œil et de retrouvailles !
C’est l’avocat Henry Deaver, campé par un très bon André Holland qui nous promène de personnages en références Kingesques.
Je me lance directement sur mon coup de cœur : Alan Pangborn, joué par Scott Glenn (chef du FBI dans le silence des agneaux, le capitaine Colby dans Apocalypse Now)
Alan Pangbron est un shérif qu’on retrouve dans le roman Bazaar et surtout dans La part des ténèbres. Le shérif est un rock, imperturbable, beau fort et tout ce qui représente la loi et la raison. Bien sur tout est plus complexe que cela dans les personnages de King mais voila ma définition de l’homme de loi. La génie de la série est de nous donner rendez-vous avec un Alan Pangborn vieilli, désabusé et atteint d’une nouvelle lucidité : les choses ne sont pas toujours ce qu’elles semblent être. Les expériences vécues par Alan dans les aventures antérieures lui ont ouvert les yeux et l’esprit. Il respecte ce qu’il ne peut pas maîtriser, fait avec sans pour autant se résigner et son amour pour Ruth Deaver est terriblement beau ! Ruth Deaver justement, la mère de Henry est interprétée par Sissy Spacek: LA Carie du film de Brian de Palma ! Moi j’appelle ça du génie. Et qu’est-ce qu’elle joue bien dans Castle Rock !
Et si on continue dans les acteurs qui ont déjà interprétés du King à l’écran vous trouvez Bill Skasgard (le clown de Ça de Muschietti) et Chosen Jacobs (Mike Hanlon jeune dans ces mêmes films) ou encore Melanie Linskey qui jouait dans Rose Red et Terry O’Quinn qui jouait déjà dans Peur Bleue en 1985. Je vous rassure ici il est meilleur que dans ce navet…
J’adore ce genre de clins d’œil !
Une géographie littéraire
Si je vous ai déjà parlé de Castle Rock il y a d’autres lieux qui sont mis en lumière :Jerusalem’s Lot, ville célèbre du roman Salem et son cimetière Harmony Hill.
L’hôpital psychiatrique de Juniper Hill qu’on retrouve dans Ça, dans Jessie, Sac d’Os et 22/11/63
La prison de Shawshank, décor incroyables des Évadés. Jolie clin d’œil sur les murs de cette prison quand on voit apparaître le portrait de l’ancien directeur Samuel Norton et qu’on évoque son existence dans un épisode ou encore la chanson des Noces de Figaro qu’on peut entendre dans un autre. Gros sourire dans cet épisode qui met en scène une souris !
J’ai enfin pu aller boire un verre au Mellow Tiger Bar, rencontré pour la première fois dans le roman Bazaar.
Grand hommage à Ça avec des ballons parsemés ça et là, des avis de recherches d’enfants
Le cycle de 27 ans de grippe-sous est évoqué plusieurs fois ou encore un clin d’œil à un mort dans une baignoire.
L’ancienne usine de la série n’est pas sans rappeler celle de Danse Macabre et la maison de Molly semble elle, être l’ancienne demeure de Frank Dodd tueur terrifiant de Dead Zone. Vous avez aimé Shining, roman ou film ? Et bien en voila de la référence : Diane Jackie Torrance n’est autre que la nièce du tristement célèbre Jack Torrance. Une scène à coup de hache ne manquera pas de vous faire applaudir des deux mains comme celle se déroulant dans une foret labyrinthique enneigée ou encore la volonté de Diane d’aller passer du temps à l’Overlook.
Christine, Simetierre, Dreamcatcher, Cujo, Charlie, Dôme et bien d’autres romans sont à l’honneur dans cette série ! Le générique est à lui seul un chemin de croix Kingesque. Les fans absolues de l’auteur peuvent même organiser un jeu et tenter de lister les détails et références de chaque épisode !
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