Jusqu’où un flic véreux peut-il aller pour conserver sa notoriété et la reconnaissance des autres…
Los Robles, une petite ville située sur la frontière Américano-Mexicaine où les droits entre les deux pays sont disputés. Un explosif tue un notable et risque ainsi de compromettre les rapports entre eux. Un policier mexicain du nom de Mike Vargas, alors en voyage de noces avec sa femme, s’oppose à l’enquête menée par un certain Hank Quinlan. Vargas partant avec les policiers pour les besoins de l’affaire, les problèmes (entre les gangs locaux et une police locale corrompue) vont dès lors commencer à affluer pour le jeune couple qui se retrouve séparé…
C’est avec un postulat de départ somme tout banal que ce film noir pas comme les autres va marquer son temps et devenir, encore actuellement, une référence absolue dans le milieu. Notamment cité et vénéré par celui qui amena en cet été 2010 LE blockbuster le plus jouissif de ces dix dernières années j’ai nommé Monsieur Christopher Nolan et son Inception.
Mais parfois il suffit d’une histoire simple pour faire un grand film, un de ceux qui vous marquent de par sa profondeur, ses images sublimes qui utilisent et usent de toutes les techniques pour encore mieux imprégner le spectateur, pour lui faire comprendre les enjeux et vibrer avec les protagonistes, le plonger littéralement dans l’histoire et ne l’en sortir qu’une fois le générique de fin achevé et le menu du dvd réapparu avec cette musique qui tourne en boucle pour nous sortir de ce rêve éveillé. Ces plans qui vous hantent bien après la vision du film – je pense notamment à l’ouverture du métrage qui débute avec une séquence ininterrompue – quatre pages du scénario, de trois minutes trente qui reste aujourd’hui encore un modèle du genre.
Plan séquence d’ouverture du film
Et quand on évoque le casting du film, on ne peut que jubiler car il réunit dans de grandes prestations : Charlton Heston en honnête flic qui subit les machinations de Hank et Janet Leigh (sa femme dans l’histoire) encore plus manipulée que lui. Orson Welles lui-même incarne le rôle du policier ripoux apportant une image du mal incarné glaçante, sombre avec son personnage qui transpire sans cesse, alcoolique, gros, mal rasé et mentalement torturé. On retrouve aussi, pour notre plus grand bonheur, la splendide Marlene Dietrich interprétant un personnage secondaire.
Mais le métrage n’a pas toujours été celui-ci, aussi noir et intelligent que Orson Welles l’avait imaginé. En effet l’Américain fut viré du projet après avoir montré une première version au producteur Universal qui, n’étant pas satisfait de celui-ci, avait peur de faire face à un gouffre financier. La Major appelle donc Ernst Nims pour un nouveau montage et demande à Harry Keller de retourner quelques scènes. Mais Welles, mécontent des modifications apportées à son film, envoie une note de 58 pages expliquant les changements qu’il envisageait d’apporter. Il a fallu attendre 1998 pour qu’enfin une nouvelle version soit montée selon ses désirs.
Pourtant, même si le choix du réalisateur fut déjà discuté avant le début du tournage, celui-ci réussit l’exploit de tourner l’équivalent de quatre jours de scénario en un seul, ce qui rassura le studio qui décida alors de lui accorder une grande liberté. Mais la suspicion planant sur le projet, il prit la décision de tourner à Venice en Californie et de nuit pour être loin de la surveillance de ses investisseurs.
Après ces temps difficiles et toute cette énergie perdue à se battre, cette Soif du mal sera la dernière réalisation hollywoodienne de M.Welles.
Mais celle-ci restera à jamais gravée dans ma mémoire de cinéphile.
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