Punk et Rock alternatif en France 1981/1989
Slogan des Bérurier Noir, couverture Fanzine noire comme l’espoir et rouge comme la rage : vous me connaissez un peu, j’adhère ! Mais cela ne suffit évidemment pas pour que j’adore ! J’ai donc plongé avec curiosité dans cet album signé de l’excellentissime Arnaud le Gouëfflec et le tout aussi reconnaissable Nicolas Moog. Et bien, c’est bien, c’est même très bien voir très très bien !
Nada Nostalgia
Pas de c’était mieux avant ni de leçon à donner sur la musique ou l’engagement idéologique. Pas de Boomer qui tentent de s’accrocher à des illusions ou à des rêves brisés. Aucun regret, pas de reproches, aucun compte à régler. Rien de tout cela au fil de cet album. Par contre, une somme fantastique d’informations, de connaissances et de nuances pour parcourir plus de 20 ans de musiques alternatives. Si les Béruriers sont importants, ils n’ont pas l’exclusivité.
Les New York Dolls, Patti Smith, Nina Hagen, The Seeds, Asphalt Jungle, Bijou et bien d’autres entrent en scène pour un démarrage agité d’album. On ajoute Alain Maneval ou Marc Zermati et vous voilà rivé aux pages, absorbant les infos avec curiosité, ou nostalgie, selon votre âge et votre culture.
Arnaud, le scénariste, découvre le punk sous couvert de cassettes échangées dans la cour d’école. Nous sommes en 1986. 3 ans plus tard, il en va de même pour Nicolas. Début des années 90, toute la jeunesse connait le Punk, la vague est inarrêtable et je cite cette excellente définition d’Arnaud, de qu’est-ce que le punk ? Ou plutôt ce qu’il n’est pas : le punk n’est pas une combustion spontanée, pas juste un mouvement culturel né en 1976-77 au USA puis en Angleterre véhiculant des idéaux anarchistes ou contestataires. Le Punk est un virus. Un virus noir, sauvage, électrique, qui te réveille façon électrochoc, et te fait te sentir vivant… Un virus de la pop culture, qui se réactive à chaque fois qu’elle sombre dans le divertissement… C’est le propre d’un virus de transgresser les barrières : il se répand partout, des arts plastiques au cinéma, jusque dans le monde de la mode. Les symptômes ? La rage de créer, la quête d’une sauvagerie perdue, le refus de toute compromission. Ce qui, dans la musique rock, se traduit par des distorsions d’enfer, des tempos élevés, et un mépris affiché pour toute forme de soumissions. Bien évidemment, les jeunes sont les premiers touchés.
Le ton est donné et de là se construit un album fascinant où il sera question de grands et petits noms du mouvement, mais aussi d’éthique. Du cœur même du mouvement, des idées et des façons de faire, du comment, mais aussi du pourquoi. Le communisme et François Mitterrand, Wolf Vostell, Asphalt Jungle , Bondage, Oberkampf, New Rose records, le Diy, les graphistes Bazooka, Mesrine, la Bande à Baader, ou la boutique Parallèles ; rien n’est oublié tout est évoqué!
Sont convoqués au micro Rémi Pépin, Marsu, Didier Wampas, Kid Bravo, Loran, Mistiti, Helno, Yves Lecarpentier et bien d’autres pour vous chuchoter des secrets ou rétablir quelques vérités sur une bande son signée Metal urbain, la souris déglinguée, Lucrate Milk, les collabos, Freitod, Caméra silens, Al Kapott, les Thugs, les Ludwigs, Parabellum, Haine Brigade OTH, Tromatism, les VRP et tant d’autres que la tête vous en tourne !
Si l’album raconte l’histoire des porte-parole de toute une génération, il n’oublie surtout pas, et c’est là qu’il est génial, de parler de la vraie vie, celle du quotidien. Les problèmes d’une société, et non pas d’une jeunesse, sont décortiqués sans faire l’erreur d’être justifiés. Ça part dans tous les sens, dans un dessin noir, épais et pourtant ultra tendre. On ne sait plus vraiment qui raconte quoi, mais on embrasse une époque, des idéaux, on comprend, on se souvient et on apprend avec une faim résolument punk !
Les auteurs se permettent même une conclusion philosophique de toute beauté ! Bravo et merci !
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