Retour sur une BD qui avait marqué son époque (ok, pas si lointaine que cela l’époque car le premier tome est sorti en 2007) : Rosalie Blum de Camille Jourdy aux éditions Actes Sud.
Lorsque le premier volet de cette trilogie a passé les portes de la librairie où je travaillais à l’époque, il faut bien avouer qu’il dénotait avec le reste. Perdu à l’époque entre les BD indés aux graphismes osés et engagés, les séries à la ligne claire et les BD dont les dessinateurs élevaient leurs dessins au rang de grand art, Rosalie Blum a néanmoins réussi à se faire une vraie place. Un dessin qui peut nous rappeler le très connu trait de Tom Tom et Nana ou, plus récemment, celui de Larcenet dans Blast associé à une histoire de vie où trois personnages aussi atypiques qu’attachants sont observés sous toutes les coutures. Nous avons la dite Rosalie Blum, femme d’une quarantaine d’années, aux abords plutôt neutre, mais avec une vie plutôt palpitante. Clope au bec, elle alimente son côté mélomane par des soirées à écouter de jeunes talents dans un bar et par des cours de chorale. Célibataire, en rupture avec sa famille et énigmatique, son look associé à un sentiment de déjà vu va donner envie à Vincent Machot de la suivre.
Vincent Machot, jeune homme trentenaire, coiffeur héritier de père en fils, lié contre son gré à sa mère plus qu’excentrique, en couple avec un fantôme et compagnon fidèle de son chat (très mignon au demeurant). Vincent passe dès le premier jour du statut d’inconnu à celui de suiveur de Rosalie Blum. Il la suivra partout, à la chorale, à l’épicerie où elle travaille, au bar, dans la rue. Son objectif ? Il ne sait pas vraiment, juste savoir qui elle est, par un processus des plus étranges il est vrai. Processus qui sera repris par Aude et qui fera de l’arroseur l’arrosé.
Aude, c’est la nièce de Rosalie. 25 ans, douée pour la photo, nettement moins pour la confiance en soi. Seule rescapée du scandale familial (je ne dévoilerai rien ici), seul contact de sang de Rosalie. C’est tout naturellement que cette dernière lui demande de suivre Vincent, et c’est tout aussi simplement qu’Aude accepte. Et finalement, le processus du suiveur lui permettra également de découvrir sa cible et de développer une forme d’intimité.
Ne voulant point spoiler, je m’arrêterai ici pour l’histoire. Revenons maintenant au titre de mon article : « une adaptation réussie ». Oui, cette bande-dessinée a été adaptée au cinéma par Julien Rappeneau et le film est sorti en salle en mars de cette année.
Et quelle adaptation ! L’univers de Camille Jourdy, associé à celui de Julien Rappeneau, à la musique choisie, à l’ampleur des acteurs (Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi et Alice Isaaz) nous donne plus d’une heure de douceur, de rondeur, de profondeur et de légèreté. Un film qui met à l’honneur, dans la finesse et la retenue, les vrais gentils, ceux qui ne sont ni des supers héros, ni des bombes sexy, ni des êtres torturés par un passé monstrueusement monstrueux… Des gens ordinaires à la sensibilité humble et touchante.
En bref, commencez par les 3 tomes de la BD, enchainez sur le film et vous aurez le plaisir de goûter à une après-midi enivrante de calme ! interview de Camille Jourdy
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