Shintaro Kago vient tout juste de recevoir le Prix Asie de la Critique ACBD pour La princesse du château sans fin qui était également dans la sélection d’Angoulême. Cet ovni est publié aux éditions Huber, elles viennent de lancer le financement participatif de la suite: Les douze sœurs du château sans fin. Gros plan sur un artiste qui, lui, fétichise le détail!
Fashionable Paranoïa
J’aime les fous! Ces artistes qui puisent en eux ce qu’il y a de plus décalé. Sombre souvent, torturé parfois, démentiel toujours. J’aime les fous parce qu’ils n’ont pas de limites et posent le pied en à côté pour ainsi m’ouvrir des chemins que je n’aurais pas pris seule. Les fous m’hallucinent, me provoquent, me bousculent et ça fait du bien! Je n’aime pas toujours ce que me proposent ces artistes mais je suis toujours émerveillée par leur univers! L’univers de Shintaro Kago est démentiel et il me bouleverse par son trait! Si je fronce parfois les sourcils quant à ses scenarios, mon cœur se gonfle par son dessin! Comme c’est beau! Comme c’est ingénieux, absurde, trash et pourtant élégant, hyper cérébrale et plein d’humour, vertigineux et compulsif, obsessionnel et dérangeant!
Dans la Princesse du château sans fin, l’artiste voyage dans le Japon médiéval pour explorer les moment clefs qui ont fait prendre des directions radicales aux chefs de guerre et aux peuples qui les ont suivi. Shintaro Kago observe cette époque par le prisme des multi-mondes et soulèvent des questions. Et si chacune des directions et des choix potentiels existaient dans des mondes parallèles ? Et si ces mondes forteresses, destinés à ne jamais se rencontrer entraient en contact les uns avec les autres ? Quelle réalité prendrait le dessus sur les autres ? Le chaos serait-il de mise ?
Au dernier étage d’un immense château qui croît vers les cieux, un duel au sabre à l’issue incertaine crée une anomalie spatio-temporelle… et la forteresse se divise en deux branches. Dans la première, le Seigneur a occis son assaillant et dans la seconde, le contraire s’est produit. Les deux demi-châteaux continuent de grandir en parallèle, pendant que l’auteur raconte ces avenirs opposés. Vous voici plongé dans un délire gore et comique où les réalités interfèrent et que le dessin compulsif structure et déstructure sans fin les planches elles-mêmes de cet album!
Toujours chez Huber, toujours aussi fou mais sur une thématique différente, l’album Dementia 21 vous présente Yukie: une jeune femme dynamique et pétillante, employée modèle de l’entreprise GREEN NET spécialisée dans les soins aux personnes âgées … Elle est volontaire, serviable et heureuse de faire ce travail! Chaque jour Yukie vise l’excellence et le bien-être de ses patients. Mais cette bonne volonté crée des jalousies et une collègue, rongée par l’aigreur, fomente un véritable complot pour disgracier sa rivale. C’est alors le début des ennuis pour notre chère Yukie qui va découvrir que certaines missions peuvent être d’une dangerosité extrême. Certains patients ne sont en effet pas les douces et calmes personnes âgées auxquelles elle s’attendait et certaines situations sont impossibles à gérer…
Un récit complet, excentrique jouant avec les émotions et les sens du lecteur. Du découpage hors norme à l’humour prégnant ou encore l’horreur présente dans de nombreuses pages, tout est utilisé avec génie mais sans limite! Shintaro Kago est un auteur particulier et son album se doit d’être savouré. On ne plonge pas tête baisée dans ses dessins, vous êtes prévenus!
Et comme aujourd’hui c’est ma Niversaire, je suis entièrement d’accord que vous m’offriez ce délirant Puzzle de Shintaro Kago! Je glisse ça comme ça…
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