Osamu Hirota aurait pu poursuivre sa vie tranquille de lycéen si seulement…
Il n’avait pas suivi le solitaire Sôichi jusqu’à un étrange manoir…
Il n’y avait pas rencontré l’envoûtante Miwako…
Il n’était pas devenu le familier d’une vampire immortelle…
Pour garder forme humaine et sauver celle qu’il aime, Osamu doit désormais chasser sans relâche. Comment fera-t-il face à sa nouvelle vie ?
Osamu Hirota, jeune ado au quotidien un peu ennuyeux, sans but réel, ni passion, si ce n’est l’existence de Chika Murase, sa récente petite amie. Osamu est timide et il ne sait pas trop comment faire évoluer cet amour naissant. Il traverse son train-train quotidien avec nonchalance et les rumeurs de cours d’école sur des disparitions étranges ne l’atteignent pas vraiment. S’il avait été plus attentif, il n’aurait certainement pas suivi Sôichi Tachibana, un camarade d’école en proie à pas mal de brimades. Mais s’il ne l’avait pas suivi, nous n’aurions rien eu à lire…
En accompagnant Sôichi jusqu’à un vieux manoir il va rencontrer Miwako… Miwako est d’une beauté infinie et elle va s’intéresser de très près à notre jeune Osamu… Mais le charme envoûtant de Miwako est à la hauteur de sa monstruosité… Car elle n’a rien d’humain.
Cette rencontre va changer radicalement notre héro en quelque chose de terrible; être le familier de Miwako. Et quand on est le familier d’une telle créature, plus qu’une seule chose ne compte: assurer l’immortalité de sa maitresse en lui offrant des proies au cœur encore chaud…
A mon grand âge, on a un peu fait le tour du sujet Vampire. J’ai lu, beaucoup, de récits gothiques aux dents aussi pointues que sanglantes et romantiques. Pourtant Shigahime à su m’emporter d’emblée dans son univers! C’est certainement parce que cette série est signée Hirohisa Satô, déjà coupable d’Assassins. Il a une force narratrice indéniable et la puissance de son dessin est folle! Dès le premier tome, l’ambiance est pesante et le mangaka pose des personnages amples et complexes. D’un postulat assez basique dans l’univers vampirique, le récit aurait pu se contenter d’enchainer des scènes sanglantes et, le fan du genre s’en serait bien arrangé. Mais Satô ne se satisfait pas d’être gore, il ajoute tout un pan psychologique à son récit pour en faire une Histoire avec un H. Autant Osamu va devoir questionner sa vie, ses valeurs et découvrir que finalement derrière sa nonchalance se cache un attachement profond à des gens… Autant Miwako va se montrer, elle aussi, pleine de dualité. Son charme est un puissant pouvoir mais il ne suffira pas à remplir 5 tomes. Sa cruauté est bien plus grande, plus dévastatrice et plus envoûtante pour le lecteur…
Le traitement graphique de Sato est fou! Précis et méticuleux, il s’amuse dans les scènes de gore sans en faire l’élément central de sa série. La composition et les cadrages offrent des planches inoubliables!
Au fil des tomes les personnages évoluent, la plus flagrante est bien évidemment la métamorphose d’Osamu. Là aussi, le mangaka propose un scénario complexe, posant au lecteur des questionnements sur la condition monstre/humain. La relation Dominant/Dominé est passionnante et l’intrigue se fait de plus en plus inquiétante. Il sera question de douleurs, de vengeance et de sentiments dans les tomes suivants. Particulièrement bien exploité dans le troisième où Sôichi prend une ampleur très intéressante! Il n’aurait pu être qu’un faire-valoir mais Hirohisa Satô a du talent et nous l’offre sans avarice! La dualité des personnages s’intensifie dans le 4ème volume et l’exploration des liens qui unissent Tamaki et Miwako est très intrigante. Mais c’est à Chika que ce tome fait la part belle: une ode à la candeur et à la douceur dans cet univers malsain… Le graphisme est toujours somptueux et la scénario maitrisé de bout en bout nous électrise, laissant le lecteur imaginer le pire quant à la fin qui nous sera proposée dans le tome ultime!
Et ce dernier tome vient tout juste d’arriver en librairie! Autant vous dire que dans la journée, il fut lu! Cette fin est un véritable drame! Plein de haine, de fiel, de mélancolie, et les pièces, dispersées ça et là dans les tomes précédents, s’assemblent pour dévoiler un puzzle machiavélique! Les personnages féminins sont exceptionnellement bien exploités! Là où on aurait pu se contenter d’en faire les habituelles prédatrices belles et sexuelles, ou douces et compatissantes, Hirohisa Satô explose leur personnalité dans un feu d’artifice tant visuel qu’intellectuel! Toutes les émotions sont merveilleusement approfondies et sil y a bien une chose que Shigahime ne contient pas c’est du manichéisme! Bravo!
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