Philippe Cardona et Florence Torta ont accompagné, voilà quelques années, le lancement du magazine Coyote. Concurrent d’Animeland, orienté manga et animation, ce magazine existe encore, mais sa formule a été revue plusieurs fois. Pour des raisons peu détaillées (les auteurs parlent de conflit éditorial), la série Sentai School, étendard geek et parodique du magazine, signée par nos deux larrons, fut stoppée à son cinquième volume, tandis qu’ils voguaient vers d’autres cieux (Noob, entre autre). Aujourd’hui, après de nombreuses années de disette, et un financement participatif massivement suivi (près de 400% de l’objectif de départ, déjà ambitieux), la série revient, dans une version revue et augmentée, et augure même d’une suite ! Mais Sentai School, qu’est-ce ?
C’est la rentrée à la Sentai School ! Les nouveaux élèves se précipitent dans leur nouvel établissement, et se préparent à suivre des cours parfois improbables (dont le fameux cours de ténébritude). Mais avant ça, ils font connaissance sur le chemin, et commencent d’emblée à provoquer quiproquos et catastrophes…
Croisement déglingué et ultra-référencé du Collège fou, fou, fou ! et de la quasi-totalité des mangas d’aventures et de romances en environnement scolaire, Sentai School est une pure parodie, et pioche des idées à droite et à gauche, que ce soit dans les mangas cultes (Ken le survivant, Albator, Cobra…) ou les comics (Batman, X-Men). Loin de se contenter de ressasser des situations de crise totalement barrées, les auteurs entourent rapidement leur petite troupe de bras cassés d’un groupe de plus en plus fourni de seconds couteaux, avec la Villain’s School et ses élèves loubards pas très doués, Matt Ban (clone dyslexique de Batman, en voyage d’études pour espérer monter une école de héros aux USA), ou encore les héros du passés, élèves congelés depuis des lustres et réintégrés à la va comme je te pousse dans notre drôle d’époque. Les dialogues sont à crever de rire, les personnages sont des archétypes poussés toujours un peu trop loin, ou en constant contre-emploi (de l’androïde stoïque à la ramasse à la romantique berserk, du petit gros qui s’énerve facilement au hippie qui glande dans son arbre-manoir…), et la dynamique ne se relâche jamais, au fil d’histoires allant de 15 à 20 pages, denses de bêtises et d’improbables retournements de situations.
Pour faire glisser ce joyeux fatras co-écrit par Torta et lui-même, Cardona signe des pages à la fois claires et bien remplies. Si son dessin a fatalement bien évolué depuis, son coup de crayon est reconnaissable dès la première planche, et les planches colorisées par Torta rappelle que son CV s’est, depuis 2008 (et la première fin de la série), bien étoffé de ce côté (elle a notamment travaillé sur Noob, Rolqwir ou encore Magical Janken-Pon, évidemment – les projets communs à son complice de toujours, Philippe Cardona – mais aussi sur Luuna, Slhoka ou Alice au pays des singes).
Sentai School reste donc, quelques années après, une référence en matière de parodie geek. Entre pur délire crétin et dialogues savoureux, voici une série drôle comme au premier jour, à re-découvrir chez un nouvel éditeur !
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