Qui diable est ce Masasumi Kakizaki ?
Voici un nom que tout lecteur de manga en âge de conduire un scooter devrait connaître. A tel point que je vous propose une rétrospective en plusieurs chroniques afin de prendre le temps de vous présenter chacune des œuvres de ce mangaka aussi talentueux que discret.
Né le 18 mai 1978 à Mombetsu sur l’île d’Hokaïdo, il débute sa carrière en 2001 en publiant plusieurs histoires courtes et des mini-séries. En 2003 il publie son premier succès Rainbow qui recevra le prix Shôgakukan. Après quelques one shot exclusifs au Japon, il enchaîne les chefs-d’œuvre. En 2010 sort Hideout un one shot d’horreur absolument glaçant. En 2011 sort Green Blood, un western fraternel captivant. La même année commence sa série de fantasy arthurienne, Bestiarius. Bien des années plus tard, en 2020 sort le diptyque nommé Les Amants Sacrifiés, qui sortira chez nous le 6 octobre 2022.
Masasumi Kakizaki s’est attaqué à beaucoup de genres différents et nous a offert des mangas exceptionnels dont la maestria est reconnue par tous ses pairs, un peu comme Stanley Kubrick pour le cinéma. De l’horreur au western en passant par la fantasy, il ne se refuse rien et s’investit à fond dans chacun de ses projets. Son niveau d’exigence est tel que ces séries ne comptent que très peu de tomes et sont publiés à un rythme beaucoup moins soutenu que les grosses licences actuelles.
Et pour cette chronique je vais vous présenter le manga qui l’a fait connaître au monde entier : Rainbow
Il existe pire que la guerre
Dans le Japon d’après-guerre, la misère et la famine font rage et poussent la population à la criminalité. La jeunesse nippone est totalement laissée pour compte et le nombre de jeunes criminels ne fait qu’augmenter. Les autorités trouvent un moyen d’endiguer cette prolifération : les maisons de correction. Nous allons suivre sept d’entre eux dans le plus réputé de ces centres de redressement. Aux vues de ce qui les attends à l’intérieur des murs, la mort aurait été un châtiment bien plus doux. Au fil des tortures et des épreuves ces camarades de fortune vont nouer une amitié indéfectible, plus solide que le plus pur des aciers.
Médecin fou et sadique, gardien pervers et violent, directeur pourri jusqu’à la moelle, les obstacles seront nombreux avant de pouvoir sortir de cet enfer. Heureusement, en plus de leur soutien mutuel, nos jeunes héros ont chacun un rêve. Ce mince espoir leur permettra de tenir bon et de surmonter l’âpreté d’un Japon en pleine reconstruction. Car leur combat se déroule autant à l’intérieur de la prison qu’à l’extérieur. Car même s’ils sortent, de nouveaux défis les attendront et la lutte pour la survie reprendra dès qu’il poseront un pieds dehors.
Une victoire sur la vie
Nos sept protagonistes ont tous une histoire et un vécu bien particulier. C’est un éventail de tout ce que la guerre à pu générer comme détresse parmi le peuple nippon. Et chacun de ces portraits est dressé avec justesse, sans rentrer dans les clichés. Nous partageons leurs peines et leurs joies et une véritable empathie se développe à leur égard. Chaque page tournée est soit une rafraichissante brise d’amour fraternel, soit un coup de poing au ventre d’injustice.
C’est la toute la force de Rainbow, c’est une œuvre viscérale qui titille méchamment notre empathie et on se prend à vouloir rentrer dans le manga afin d’aider les personnages. Ces derniers sont une véritable source d’inspiration tant leur résilience force le respect.
S’il y a bien une leçon que nous enseigne cette série, c’est que dans l’obscurité, même la plus faible chandelle brille de mille feux.
Laisser un commentaire