J’ai vécu une vie remplie de honte
A elle seule, cette phrase pourrait résumer le roman d’Osamu Dazai… Un roman culte au Japon et qui devrait l’être aussi chez nous tant il est incroyable!
La déchéance d’un homme n’est pas une lecture tout publique, ni une histoire à morale, ni une analyse de nos sociétés, ni un brulot pas plus qu’une quête philosophique et encore moins une fenêtre sur la culture japonaise. La déchéance d’un homme est une descente aux enfers, celle de Yôzô, sorte d’alter ego de l’auteur Osamu Dazai…
Depuis sa prime jeunesse, passée dans le nord du Japon, Yôzô s’était toujours senti différent, ce qui l’avait très tôt conduit à se donner un masque : à se dissimuler derrière un personnage désespérément cocasse, à tel point que ce jeu était devenu pour lui comme une seconde nature.
Je suis devenu bouffon.
C’était mon ultime demande adressée aux hommes. Extérieurement, le sourire ne me quittait pas ; intérieurement, en revanche, c’était le désespoir.
Né dans une famille riche du nord du Japon, il veut être peintre, abandonne ses études pour y réaliser son rêve : devenir un grand artiste. mais s’initie plus vite au saké et aux filles qu’au dessin et à la peinture. Il s’enfoncer dans une marginalité qui, de style de vie assumé, est devenue malédiction. D’amours malheureuses en amours malheureuses, après n’avoir été qu’un médiocre caricaturiste de revues de second ordre, il échoue à vingt-sept ans, malade, tel un vieillard, dans une vieille chaumière irréparable d’où il rédige l’histoire de sa vie, » vécue dans la honte « , et alors qu’il ne connaît plus désormais ni le bonheur ni le malheur.
Dans ce texte à maints égards autobiographique, Dazai a sans doute mis le plus de lui-même, évoquant de manière quasiment théâtrale les errements et les angoisses dérisoires d’un intellectuel narcissique, relève lui aussi de l’autoportrait : celui d’un être déboussolé dans un monde privé de tous ses repères.
Donnez-moi le masque de la colère
Publié en trois volumes, en 2021 par Delcourt/Tonkam, l’adaptation d’un des plus célèbre roman de la littérature japonaise contemporaine par Junji Ito revient dans une intégrale luxueuse. Qui de mieux que le maitre de l’horreur japonaise pour transcrire tout le malaise, l’angoisse et la déchéance de ce fantastique roman? Adaptation fidèle et plus que réussie par les ambiances glauques qui plonge le lecteur dans la bouffonnerie malheureuse de Yôzô.
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