Cet article va pas mal parler de mes goûts musicaux et de leur progression, et vous m’en voyez navré. Mais impossible pour moi de ne pas crier mon coup de cœur pour ce supergroupe tétanisant qui a atomisé le petit monde du rock et du metal en cette année 2014 : Killer be killed !
Commençons par le commencement… Tout gamin, j’écoutais des trucs aussi inavouables que Patricia Kaas ou Gold, en parler requiert encore un lourd travail sur moi-même. Mais vers l’âge de 9 ans, tandis que nous jouions à Ikari Warriors sur l’Amstrad 6128 familial mon frangin et moi, nous profitions de sa nouvelle chaine hi-fi et écoutions donc ses CD. En l’occurrence The Police. C’est, aujourd’hui encore, le seul groupe des années 80 dont je n’ai pas brûlé mes exemplaires (et j’exagère à peine). Mon frère étant déjà un homme de goût (disons plutôt un ado de goût), il dériva rapidement vers de la musique un peu plus bruitiste, au grand bonheur de nos géniteurs. AC/DC, Iron Maiden, les classiques du rock et du heavy metal des origines. Puis vint le thrash et ses cohortes de guitares sursaturées et ses groupes de teigneux. Les premiers, Metallica et Megadeth, furent rapidement rejoints sur sa platine par des groupes plus bruts encore, notamment Sepultura. Nous y voilà. Sepultura, groupe brésilien qui, sous l’égide de Max Cavalera, chanteur, guitariste et compositeur, alla du death metal bourrin à un thrash plus fin, puis enfin au metal teinté de folklore brésilien. Roots, leur album-manifeste de retour aux sources, avec ses percussions et ses rythmiques inspirées de la musique traditionnelle brésilienne fut le premier choc me prouvant la possibilité de métisser le rock dur avec autre chose (ça et Bring the noise, de Anthrax & Public Enemy).
Bien des années après, et alors que mon frangin est désormais un traitre à la cause (il écoute du reggae, le vil), je suis de mon côté tombé dans les recoins obscurs du metal, allant du mathcore de Dillinger Escape Plan à l’indus de Nine Inch Nails, en passant par la brutalité sans nom d’un Meshuggah ou les rythmes psychédéliques de The Mars Volta. Puis évidemment les compositions folles et prestigieuses de Tool, le rock sudiste de Kyuss ou les expérimentations revigorantes de Mastodon…
Et aujourd’hui, voilà qu’arrive Killer be killed, un groupe composé de membres de quatre de mes groupes favoris. Citons, dans le désordre : Max Cavalera (guitare et chant, ancien de Sepultura et Nailbomb, désormais dans Cavalera Conspiracy et Soulfly), Greg Puciato (chanteur de The Dillinger Escape Plan), Troy Sanders (bassiste et chanteur de Mastodon) et Dave Elitch (batteur de feu-The Mars Volta). Une espèce de dreamteam de la musique délicate, qui laisse forcément augurer du meilleur.
[youtuber youtube=’http://www.youtube.com/watch?v=qg3mhoHjdXE’]
Mais les expériences passées nous montrent que ces fameux supergroupes ne sont pas nécessairement gage de qualité, loin s’en faut. La première écoute rassure : les bonhommes ne sont pas là pour faire de la dentelle, et ça découenne les esgourdes. À la seconde, on se laisse surprendre par la variété rythmique de l’album : il semble qu’aucun des musiciens n’ait « écrasé » les autres, chacun a amené sa pierre, et l’ensemble fonctionne étonnamment bien : Cavalera amène sa puissance vocale et la brutalité du thrash, Puciato nous embarque avec des envolées et des syncopes saturées, et Sanders désoriente tout ça et fait le choeur déconnant. Elitch, de son côté, amène une rigueur et une qualité de frappe qui avait déjà participé à la tenue de The Mars Volta. Il est aussi surprenant de sentir cette hargne, alors que ce ne sont plus de jeune jouvenceaux. Mais il est dit que Cavalera restera énervé jusqu’à sa mort, et que ses comparses ne seront pas en reste.
[youtuber youtube=’http://www.youtube.com/watch?v=kVE2GFvQhyM’]
Une réussite burnée, dont les écoutes successives dévoilent les couches, et laissent l’auditeur avec un sourire grandissant. Pour peu qu’il apprécie le genre, of course… À écouter absolument !
Laisser un commentaire