Une réédition Immortelle du cultissime manga de Hiroaki Samura! Publiée une première fois en 1995 chez Casterman, L’Habitant de l’infini est une référence du manga de sabre, une œuvre incontournable, un voyage en 30 tomes, réédité ici en 15 doubles pavés! Le premier tome est sorti chez Sakka/Casterman le 13 septembre, à l’occasion de la parution de la série spin-off L’habitant de l’infini – Bakumatsu.
Bienvenue dans l’ère Edo pleine de sabres étincelants, d’immortalité troublante, et d’une quête incessante de rédemption. Bienvenue dans le monde brutal et captivant de L’Habitant de l’Infini.
Imaginez un samouraï avec une liste de meurtres plus longue que votre liste de courses, qui se voit offrir l’immortalité en échange d’une mission presque impossible : tuer mille malfrats pour racheter ses péchés.
C’est Manji, un guerrier désabusé dont le chemin croise celui de Rin, une jeune femme assoiffée de vengeance. Ensemble, ils se lancent dans une odyssée sanglante, confrontant des ennemis plus coriaces les uns que les autres. Manji était un samouraï impitoyable qui a tué de nombreuses personnes, y compris des innocents. Pour expier ses péchés, une mystérieuse vieille femme lui offre l’immortalité en implantant des kessenchū dans son corps. Ces vers ont la capacité extraordinaire de guérir instantanément toute blessure même mortelle. Ainsi, même s’il est grièvement blessé ou tué, les vers se régénèrent et le ramènent à la vie. Vous imaginez bien que cette immortalité n’est pas une bénédiction. La malédiction des vers est une protection, mais surtout une punition, car Manji doit désormais affronter la souffrance physique et émotionnelle de la vie éternelle tout en cherchant la rédemption à travers ses actions présentes. Si la complexité de Manji, pris entre le fardeau de l’immortalité et le désir sincère de trouver la paix est le moteur du récit, c’est l’entrée en scène de Rin qui va le rendre épique!
Elle apporte une profondeur émotionnelle à l’histoire, sa détermination à venger ses parents, cette quête de justice personnelle devient l’élément central de l’histoire et de la dynamique entre les personnages.
L’Habitant de l’Infini excelle dans la chorégraphie des combats au sabre. Les scènes de bataille sont d’une intensité époustouflante, capturant la grâce mortelle des arts martiaux japonais. Le manga se distingue par sa représentation réaliste et crue de la violence, soulignant la brutalité de l’époque des samouraïs. Le style artistique de Hiroaki Samura est un délice visuel. Chaque page est une œuvre d’art, avec des détails minutieux, des compositions dynamiques et une maîtrise exceptionnelle des expressions faciales. L’art de Samura contribue grandement à l’atmosphère immersive de la série. Mais il ne se contente pas de dépeindre des combats épiques. Il explore la complexité morale de la violence et les conséquences de nos actes. C’est une plongée profonde dans les abysses de l’âme humaine, où le bien et le mal se mêlent dans un tourbillon de dilemmes moraux. L’œuvre de Samura est une déclaration d’amour à l’art du manga comme le sont Vagabond ou Lon Wolf & Cub.
Alors, alors, quid du spin-off paru en septembre? En 1864, 80 ans après la fin de son combat contre l’école du Ittôryû, Manji le samouraï immortel, mène une vie retirée, loin du tumulte provoqué par l’ouverture du Japon à l’Occident et par la guerre que se livrent les partisans de la restauration de l’empereur et les soutiens du shogunat en place depuis des siècles. Le passé de Manji le rattrape et le mène à Kyoto, où l’attendent la toute-puissante milice du Shinsen-Gumi et une étrange doctoresse maîtrisant les arcanes de l’immortologie. Dans l’antique capitale, se prépare une valse de sang et de sabres… En cours au Japon depuis 2019, Bakumatsu n’est pas signé par Hiroaki Samura mais il supervise la série. Elle est l’œuvre de Renji Takigawa et Ryu Suenobu, deux jeunes mangaka dont le style colle au plus près de celui du maître. Le Bakumatsu est la période de 1853 à 1868 durant laquelle le Japon mit fin à sa politique isolationniste et modernisa le système féodal du shogunat pour donner naissance au gouvernement Meiji. Cette période marque ainsi la fin de l’époque Edo où se déroulait la série mère. Ce premier tome installe à merveille l’ambiance de chaos qui régnait à cette époque et ses éléments phares: le Shinsen-gumi, Sakamoto Ryôma ou encore les quatre hitokiri. L’idée d’un Manji immortel dans cette époque trouble est intéressante comme l’étrange doctoresse en immortologie ou le rôle qui est donné à Sakamoto Ryôma. Le dessin est une réussite totale dans la continuité de Hiroaki Samura bien qu’il faille admettre que le grain soit plus lisse et les scènes de combats moins épiques, c’est honorable, plaisant et convaincant. C’est dans les personnages que je pose ma plus grosse critique. Dans l’habitant de l’infini on touche à la perfection des dualités et la profondeur des protagonistes, ici ils sont parfois caricaturaux et le récit est très rapide. Ce premier tome, qui sert surtout à poser les jalons de la saga, aurait peut-être mérité la parution simultanée du tome 2 pour donner plus de matière au lecteur et se forger un avis plus précis. Toujours est-il que le potentiel est là et je me réjouis de continuer l’aventure. Si je n’ai pas été assez convaincante, je laisse le mot de la fin au Chef Otaku!
C’est aujourd’hui que sortent les tomes 2 des deux séries respectives!
Je compte sur votre curiosité!
Rendez-vous en 2024 au festival d’Angoulême pour l’exposition intitulée « Corps et Armes » qui sera consacrée à la grande œuvre du génial Hiroaki Samura
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