Faut-il encore présenter Pénélope Bagieu ? L’autrice de Culottées (qui est sorti d’ailleurs dans une très belle édition intégrale, une invitation à découvrir cette œuvre aussi passionnante qu’inspirante) se livre dans un album BD autobiographique, où sa plume de génie et son talent viennent nous toucher à travers mille émotions différentes.
Dans une série de courts récits elle revient sur des épisodes de son enfance et adolescence, certains anecdotiques et d’autres plus fondateurs, qui ont façonné l’adulte qu’elle est devenue : passionnée, indépendante et profondément féministe. S’il a fallu du temps à l’artiste pour digérer certains de ces évènements, aujourd’hui elle peut partager ce vécu et ces fragments d’intime avec son public. Un public qui ne peut d’ailleurs que se reconnaître dans les aventures de Pénélope et dans les thèmes qu’elle aborde, et c’est bien là que la magie opère : dans le fait qu’une histoire personnelle puisse trouver une résonnance aussi universelle. Désillusions, premiers amours, deuils, sexisme ordinaire … Chaque lecteur (et a fortiori chaque lectrice) pourra se retrouver dans cette BD.
Comme toujours, la plume de Pénélope Bagieu se révèle pleine de malice : à travers ses récits emplis de nostalgie, de bienveillance, de tendresse et d’ironie se cache un discours féministe, empouvoirant et revendicateur, qui se devine bien souvent entre les lignes, dans les silences et les cases laissées vides qui tout à coup ne paraissent plus si vides…
Les Strates est une œuvre sensible et touchante, subtile, pleine d’humour, et d’une intelligence qui confine à l’insolence. Un guide pour les jeunes femmes d’aujourd’hui, un carton plein de souvenirs pour les adolescentes d’hier, et pour toutes une main tendue amicale et bienveillante, un quelque chose de doux qui réchauffe à l’intérieur, là où la chair et la mémoire palpitent.
En lisant Les Strates on rit aussi souvent qu’on pleure, mais c’est à ça qu’on reconnait les textes d’importance, ceux qui nous marquent pour longtemps.
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