Petite anomalie dans le catalogue humoristique de Kramiek (éditeur notamment de l’ineffable Jean Norbert), Les enfants de Midvalley marque le grand retour de Romuald Reutimann dans le giron des éditions Paquet (Kramiek étant le label « humour » de l’éditeur genevois). Mais qui donc est ce Reutimann, me direz-vous ? Il s’est fait connaître dès 2004 avec Valbert, mais il a explosé avec la série-concept Cité 14, vendue par fascicules mensuels en noir et blanc, au prix de 1,50.- Il était alors accompagné de Pierre Gabus au scénario, le voici désormais acoquiné au nouveau-venu (dans le monde de la BD) Benoît Broyard…
Rosa et Milan sont deux braves gamins de la cambrousse américaine, et ils doivent rejoindre leur oncle Jack pour une petite semaine de vacances. Seul souci, cet oncle habite à Big Town, LA grande ville ! Après des heures de bus à travers le pays, ils arrivent enfin à bon port, et se retrouvent à attendre Jack au pas de sa porte, celui-ci les ayant visiblement oubliés… C’est alors qu’un étrange bonhomme, richement vêtu et aux belles manières, se présente en ami et les invite à patienter chez lui. Collectionneur méticuleux d’horloges, de pendules et de montres, ce Mr Paul est en recherche constante de main d’œuvre pour travailler dans son atelier de confection horlogère pas comme les autres… C’est le début d’une folle aventure pour nos deux héros, au rythme entêtant du tic-tac des horloges !!
Baignant avec plaisir dans un univers old-school, ce premier volume alterne humour, aventure échevelée et passages de franche inquiétude. Cette cité gigantesque, trop grande pour ces deux naïfs, regorge de tentations et de dangers, et Mr Paul en est l’archétype. L’ambiance des années 50 convient à merveille à l’univers décrit, et l’irruption du fantastique est une surprise qui tient rapidement toutes ses promesses. Nul doute que les tomes suivants éclairciront les mystères de cette montre à voyager dans le temps ! Broyard, auteur de livres pour la jeunesse, semble ici tout à son aise, et profite avec gourmandise des dessins de son compère.
Reutimann, de son côté, se régale avec cette ambiance racée (après le steampunk charbonneux de Cité 14, il prouve une fois encore qu’il excelle dans les histoires d’un autre temps), et illustre avec conviction cette aventure absurde. Son trait peut sembler jeté ou accidenté, mais il possède une identité et une vivacité qui lui sont propres, et que bien des auteurs au style plus conventionnel pourraient lui envier.
Il y a du serial ambiance années 40-50 dans cette série, mais avec cette rouerie et ces clins d’œil d’initiés qui n’appartiennent qu’à la BD contemporaine. Et une fois ce premier volume refermé, on se languit bien volontiers de lire les deux autres tomes prévus… Vivement !
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