Promenade lovecraftienne avec Daria Schmitt
Prenez garde, amis lecteurs, nous sommes au début d’un voyage onirique à la beauté atypique.
Méfiez-vous, amis rêveurs, nous ouvrons la porte d’un Parc où l’absurde est la règle et la folie son seul salut.
Laissez-vous faire, amis utopistes, vous êtes à l’aube d’un chef d’œuvre.
Celui de Daria Schmitt, Le bestiaire du crépuscule paru chez Aire Libre, album hommage au maitre H.P. Lovecraft…
Pour les enfants du quartier, le parc est un inoffensif jardin public. Mais pour son gardien, Providence, c’est un nid de sombres créatures qu’il est le seul à voir : asocial et atteint d’un solide trouble de la rêverie compulsive, il s’est donné pour mission de protéger les promeneurs malgré eux. Sa tâche se complique lorsqu’un livre étrange sorti des eaux troubles du lac libère un bestiaire terrifiant et attire l’attention des très louches services psycho-sanitaires… Talonné par une nouvelle directrice bien plus versée dans le jargon du management que dans l’occulte et déterminée à gérer le parc comme une véritable start-up, le gardien lutte contre l’appel d’un autre monde : noyé dans les brumes du lac, le reflet d’une étrange maison où il serait enfin en paix l’attire irrésistiblement…Voici la lune qui entre en scène… Le rideau se lève, les amis, le spectacle commence! C’est la nuit que le parc se montre sous son vrai jour. Regardez! Les voici qui sortent de leur torpeur diurne! Qui soupçonnerait leur présence? Et pourtant ils sont bien là, terrés sous nos pieds, rampant sous l’écorce, dissimulés dans l’eau glauque et les craquelures sombres des vieilles pierres grises… Ils nous épient, ils attendent leur heure, sans hâte, patiemment…
Adapté d’une nouvelle de Lovecraft L’étrange maison haute dans la brume, que vous pouvez lire en intégralité en fin d’album, le cahier dessiné de Daria est un bijou graphique, mêlant humour absurde sur une faune somptueuse tout autant qu’effroyable. Truffé de références à l’œuvre du maitre de l’horreur, nous suivons Providence (sic) et son chat, Maldoror dans la découverte d’une demeure, trônant dans les brumes du lac. Cette maison semble être le refuge idéale pour notre gardien misanthrope. Mais de ce brouillard naissent également des créatures étranges. Et si Providence n’aime que peu la compagnie de ses semblables, il lui faut protéger les badauds de cette fantasmagorie. Sorte d’avatar de Lovecraft, on suit avec délice ce gardien et son chat dans une lutte absurde et somme toute héroïque entre un idéal de quiétude et la sauvegarde d’une utopie…
C’est beau, infiniment beau, définitivement beau!
Nul besoin de connaitre l’œuvre littéraire pour plonger dans cet album. Comme le dit Philippe Druillet H.P.Lovecraft a chuchoté à l’oreille de Daria, elle a su l’entendre. Ainsi l’autrice nous plonge dans une myriade de dessins tous plus affolants les uns que les autres. Variant couleur et noir-blanc, elle nous éblouit de planches minutieuses à la précision graphique affolante! C’est une déclaration d’amour à l’œuvre tout en étant un album personnel, maitrisé de bout en bout par une très grande illustratrice!
Pour continuer l’aventure avec Daria Schmitt
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