Cette bande dessinée avait tout pour m’attirer. Alors j’ai plongé dans le monde de Tomaž Lavrič et de Youri la Taupe…
Dans la Slovénie des années 80 qui vient tout juste de rompre avec le maréchal Tito mais baigne encore dans La Ligue des communiste de Slovénie, Youri la Taupe vit et survit avec ses potes et autres punks révoltés. Le récit est un subtil mélange de souvenirs et de périodes actuelles. Tomaž Lavrič maîtrise le scenario à la perfection. Les différente époques s’alternent et retracent l’évolution des personnages, soulignant magistralement les idéaux perdus comme la confrontation de la réalité. C’est à la fois tendre, nostalgique, cynique, drôle et touchant.
C’est le récit poétique d’un vieux punk qui s’accrochera à son Oi ! jusqu’à sa mort tout en utilisant Word, en changeant les couches de son môme et en bouffant parfois au Fastfood du coin..
« Longue vie au socialisme ! Mais moi je veux l’indéterminisme ! »
C’est le récit sensible d’un vieux punk qui écoutera White Riot jusqu’à sa mort tout en critiquant les goûts musicaux de son ado, désemparé face aux nouveaux codes de la jeunesse et adoptant une vie saine sans clope et presque sans alcool…
« C’était cool, on avait une salle où jouer, des groupes, une scène cool. Et après ces porcs nous ont tout niqué… Qu’est-ce que t’as maintenant ? Des corbeaux ! des alternatifs ! Laibach !!! »
C’est le récit touchant d’un vieux punk qui rêvera de Pogo jusqu’à sa mort, même si son surpoids, son lumbago et ses artères bouchées l’empêchent à présent de sauter dans un vrai Mosh.
« La foule chauffée à blanc voulait du sang ! Si je n’avais pas été inconscient, ils m’auraient lynché ! »
Si le scénario est d’une qualité indéniable, le dessin l’est tout autant. Les personnages sont très réalistes et caricaturaux à la fois. Énergique et expressif, le dessin me rappelle la précision d’un Frankin comme la violence d’un Pratt. Tomaž Lavrič découpe ses cases, ses paysages, ses fresques avec virtuosité pour servir une narration fluide et enlevée ! Ici un interview très touchant de l’auteur.
Pour continuer dans la mélancolie que cet album a éveillé en la vieille punk que je suis, voici deux ouvrages que j’ai dévoré à leur sortie et qui, en plus de vous en apprendre sur le « mouvement » se lisent d’une traite tant ils sont rédigé avec brio !
Riot Grrrls
Manon Labry – Éditions La Découverte
Au début des années 1990, de jeunes féministes nord-américaines lançaient du fond de leurs tripes un cri de colère et de ralliement dans le milieu punk underground : « Revolution, Grrrl Style, Now ! » La culture riot grrrl – littéralement, les « émeutières » – était en train de naître. Des groupes comme Bikini Kill ou Bratmobile partaient à l’assaut de la production musicale, décidés à rendre « le punk plus féministe et le féminisme plus punk ».
Leur offensive fut une secousse incroyablement positive pour toute une génération assommée par la culture mainstream. Car les riot grrrls ont été bien davantage qu’un simple courant musical : appliquant les principes du Do-It-Yourself, elles ont construit une véritable culture alternative, dont la force de frappe tient en une « proposition » que suivront des milliers de jeunes femmes : celle d’oser devenir qui elles sont et de résister corps et âme à la mort psychique dans une société capitaliste et patriarcale.
Manon Labry retrace l’histoire de cette révolution politique et culturelle avec beaucoup d’humour et de passion. Truffé de références et d’anecdotes, sans jamais en être pompeux, ce livre se dévore comme un roman.
Vous pensiez tout savoir, après avoir vu Traks et Planète ? Manon va plus loin et ose une écriture originale et décalée !
Lipstick Traces
Greil Marcus – Editions Allia
Une bible! Un livre culte d’un auteur culte!
Du projet ambitieux d’écrire l’histoire secrète du XXe siècle, Greil Marcus a donné naissance à une encyclopédie de la subversion et de la révolte, un livre inclassable où l’on croise les Sex Pistols, Guy Debord, le mouvement Dada ou encore les gnostiques du Moyen Age. Selon son auteur, un fil invisible relierait tous les mouvements artistiques, littéraires et musicaux dont le point commun serait le refus des conventions. Un ouvrage érudit, fouillé, stimulant, radical et complètement fou où se dessine au fil des pages une généalogie des révoltés. Intellectuel pop devenu historien des marges et des avant-gardes, Greil Marcus signe ici un livre unique en son genre, devenu un classique des rayons essais tant historiques que sociaux, musicaux et artistiques.
Pour retracer l’histoire, parfois oubliée ou cachée de notre culture occidentale, Greil cherche à démontrer que l’histoire musicale, en particulier le rock, a eu beaucoup plus d’impact sur notre société que l’histoire politique en tant que telle.
Un texte audacieux qui oser comparer des mouvements qui n’ont à priori rien en commun, au risque de choquer la bienséance .
Pogo. Regards sur la scène Punk française (1986-1991)
CCros Roland – Éditions l’Échappée
Et je vous glisse un dernier bouquin, avec des images, parce qu’en plus d’aimer les Punks, j’aime leur folklore.
Cette anthologie compile des souvenirs de concerts qui vibrent encore en moi à l’heure actuelle!
C’est depuis mon canapé confortable, dans mes chaussons en pilou, que je vous souhaite bonne lecture et vous adresse un « Punks Not Dead ! »
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