2 frères sinon rien
« GUNG HO » est une saga de science-fiction post apocalyptique. Un virus a quasiment éliminé les humains de la planète Terre. Les rares survivants se sont regroupés dans des forts pour se protéger de créatures anthropophages « les rippers ». Nous suivons un groupe de jeunes, et en particulier deux frères Archer et Zack, cherchant à trouver leur place dans une société régie par des adultes fatigués de leur insécurité permanente. Dans ce troisième tome, nos adolescents vont être de nouveau confrontés à une loi qui n’est jamais à leur avantage, celle des adultes. Et c’est Archer qui en fera les frais…
Benjamin Von Eckartsberg
Il est illustrateur indépendant depuis 1993. Il travaille avec Thomy sur deux séries, « La chronique des immortels » et « Gunh-ho ». Il fait partie du studio « l’Artillerie ».
Thomy Von Kummant est le dessinateur de ce binôme.
À l’occasion d’une dédicace à notre Fnac de Lausanne, nous avons pu lui poser quelques questions. J’en profite pour remercier Miguel des éditions Paquet, qui a permis cette rencontre.
Bonjour Thomas, que faisais tu avant de dessiner des bandes dessinées ?
J’ai commencé à dessiné à 23 ans à l’École de Maîtrise Allemande pour la Mode. Après avoir suivi cette école, j’ai rejoint le studio « l’artillerie ». Ce studio est composé de 8 autres illustrateurs et d’une graphic designer. De là, j’ai commencé à travailler pour des agences de publicité, des magazines, des éditeurs et de plus en plus dans la production de films. À travers ces différents travaux, mon amour pour dessiner des histoires allait en grandissant et ce fut tout naturel que je me mette à la bande dessinée
Comment est né le projet « La chronique des immortels » ?
J’ai réalisé une bande dessinée biographique sur Johann Wolfgang von Goethe pour l’institut Goethe et l’éditeur « Ehapa ». Plus tard, Egmont Ehapa a réalisé une fusion avec l’éditeur de livre VGS. Je leur ai demandé de rassembler des artistes et des écrivains. L’éditeur en chef de l’époque Michael Walz m’a proposé le projet « La chronique des immortels » d’après le roman de Wolfgang Hohlbein. J’ai rencontré le romancier et nous sommes tombé d’accord d’adapter son histoire en bande dessinée. Cependant, il n’avait pas le temps de réaliser le découpage et le script, c’est Benjamin qui s’en est occupé en rejoignant le projet.
Quelles recherches graphiques as-tu effectué pour « La Chronique des Immortels »?
Ma plus grande influence, ce sont les films d’animation classique avec un décor peint en fond, sur lequel les personnages évoluaient dans une autre couche. Grâce à internet, j’ai eu beaucoup d’influences différentes :
Andrew Wyeth, Joaquin Sorolla, Isaac Levitan pour ne citer que ceux-là sont incroyables et ont été une source d’inspiration importante pour la couleur des décors, les compositions et les couches avec les effets de lumière.
GUNG HO est plus lumineux que « La chronique des immortels », étais-ce voulu ?
J’ai voulu retrouver l’ambiance de mes vacances quand j’étais enfant. Pour « GUNG HO », nous voulions créer un monde qui permettait de transporter les sentiments romantiques des adolescents. Le sud de la France, l’Espagne, l’Italie, le Portugal, La Grèce et la Turquie sont des merveilleux endroits pour ça. Bref, je me suis inspiré de tous ces formidables endroits du sud de l’Europe, ce qui crée un contraste intéressant avec le danger qui est toujours présent.
Pour GUNG HO, l’univers n’est pas le même mais on suit aussi un groupe de personnes qui sont en marge de la société traditionnelle en place, peut-on voir un désir de rébellion à travers ces 2 histoires ?
Les deux histoires ont des objectifs différents.
La chronique des immortels s’interroge sur l’origine de l’immortalité. Les personnages suivent cette idée et se battent contre des différentes menaces à travers les âges.
GUNG HO se focalise sur la rébellion, l’adolescence soumise à une grosse pression de la société. Est-ce que vous voulez suivre les règles qu’on vous impose et ainsi vous intégrer dans la société ou bien vous battre contre ce que vous réprouvez?
Tu travailles avec Benjamin sur ces deux séries, te donne-t-il le scénario en entier (donc tu connais la fin) ou au contraire planche par planche?
Le script entier des 5 livres de GUNG HO a été écrit avant de commencer à développer le monde et les personnages. C’est important pour moi de construire un univers cohérent avec des personnages crédibles.
Combien de temps mets-tu pour faire une planche?
Je travaille en différentes étapes. Mais une page en entier me prend aux alentours de 4 jours.
Quel(s) personnage(s) préfères-tu dans GUNH HO?
Je pense que j’aimerais vivre a Fort Apache, j’aimerais être ami avec les frères Goodwoody (Archer et Zack)
As-tu des maîtres à penser ?
J’apprends de tout le monde, tout le temps.
Ecoutes-tu de la musique en dessinant ?
Je ne peux pas travailler sans musique. En ce moment, j’écoute le morceau « Take five » du quartet Dave Brubeck de la bande originale « Baby Driver ». J’essaye toujours de trouver la musique qui fonctionne la mieux par rapport à l’histoire sur laquelle je travaille. J’aime imaginer que ce serait le soundtrack de l’album. Ce genre de chose me met de bonne humeur.
Si tu étais un personnage de BD, qui serais-tu?
Par moment, je me sens comme le Grand Schtroumpf. Les enfants font des choses stupides mais je les aime quand même énormément (rire).
Quels conseils donnerais-tu a un jeune dessinateur?
Quand tu commences à dessiner, c’est un bon jour si tu trouves que tes dessins ne sont pas terribles. Ton cerveau va bien plus loin que ce que tu peux faire actuellement. Il y a encore une grande marge de progression. Être un artiste, c’est 30% de talent, 50% de pratique et 20% de travail acharné dans toutes les directions. Mais mon conseil est d’avoir du plaisir à faire ce que l’on fait au moment où on le fait.
Un roller –coaster émotionnel
Les auteurs frappent fort psychologiquement avec ce nouveau tome. Les deux frères Zack et Archer sont toujours aussi attachants et les adultes sont toujours aussi peu cléments envers eux. Tout comme dans « Walking Dead », les ennemis extérieurs ne sont plus les réelles menaces pour ces jeunes un peu paumés à qui l’on attribue une famille d’accueil par tirage au sort. Le dessin de Thomy est toujours aussi impeccable et nous rêvons d’une adaptation en film d’animation. Les couleurs lumineuses renforcent le côté sordide des situations. Le scénariste Benjamin Von Eckartsberg quant à lui a dû dévorer une quantité de romans post apocalyptique impressionnante pour nous brosser une synthèse si réussie de ce genre d’univers. Plongez avec enthousiasme (« gung-ho »signifiant enthousiaste) dans cette série de science fiction apocalyptique et méfiez-vous, vous risquez d’en devenir accro rapidement!
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