Un roman graphique
Derborence, c’est l’histoire d’une montagne qui s’écroule sur un alpage. C’est aussi l’histoire de villageois endeuillés qui pensent voir un fantôme, d’un homme qui survit à l’insensé et en perd la raison, et d’une femme qui porte la vie et refuse de perdre espoir.
Helvetiq se lance dans le roman graphique! Désireuses d’adapter en romans graphiques des chefs d’œuvre de la littérature suisse, les facétieuses Éditions publient un premier ouvrage de taille: le cultissime Derborence de Charles Ferdinand Ramuz.
C’est Fabian Menor qui s’attèle à la tache et on ne peut que saluer l’exercice! Il a choisi le pinceau et l’encre de Chine pour rendre visuellement l’atmosphère particulière de la haute montagne et s’est attaché à faire ressortir les liens qui unissent les personnages. Il vous transporte dans des paysages somptueux et vous fait ressentir des émotions puissantes. La violence de la montagne est présente à chaque page dans le déroulé tragique du roman aux personnages attachants et au rude décor.
Le chef d’œuvre de Ramuz
L’histoire s’inspire d’une catastrophe naturelle survenue à Derborence dans le Valais, où un éboulement provoque des morts et d’importants dégâts pour les paysans locaux en 1714. Le roman raconte l’histoire d’un berger enseveli lors de l’effondrement. Épargné par la mort, celui-ci revient au village, où il retrouve sa compagne qui pleurait sa perte. Apprenant que son oncle a été déclaré mort, le jeune homme décide de remonter lui porter secours. Sa femme parvient finalement à le raisonner et à le ramener au sein de la communauté villageoise.
Même quand il se donne pour but de » faire sentir la montagne « , Ramuz le fait à sa manière, en refusant le pittoresque gratuit et en visant le mot juste. Ce qu’il a en tête ? L’Homme, simplement, dans sa complexité et sa fragilité. Écrit en 1934, Derborence est l’un de ses roman les plus connus. Au-delà du récit d’un drame montagnard, c’est une formidable histoire des relations homme-nature, et des forces violentes de vie et de mort. Avec Ramuz, le récit qui s’empare d’une situation réaliste se colore toujours de légendaire, dans des évocations puissantes. C’est une magnifique illustration de la fragilité de l’homme.
A paraître en poche en juin chez Zoé dans la collection Petite Bibliothèque ramuzienne
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