Les Indociles, c’est le petit phénomène de la BD Suisse dont on ne parle pas suffisamment…
Lulu et Joseph sont deux amis inséparables, mais venant de deux milieux bien différents… Si le premier est issu d’un milieu populaire et fait preuve d’un franc caractère anar’, Joseph est lui le rejeton d’une famille bourgeoise, ce qui n’est pas rien, dans le Jura suisse des années 60. Leurs aventures d’adolescents les amènent à rencontrer des personnages qui enrichiront leur parcours, et les suivront pour tout le reste de leur vie… Notamment en créant ce havre de vie (pas de paix, faut pas déconner) accueillant tout ce que ce coin montagnard compte de blessés de la vie, ou de grands idéalistes, ce havre disais-je qui s’appelle Les Indociles, et sera le théâtre des quatre décennies que développent cette saga.
Les indociles, c’est un immense panorama de la vie Suisse sur les 40 dernières années. Couvrant trois générations, les grands phénomènes géopolitiques qui touchèrent la Suisse autant que le reste du monde (de la vague hippie libertaire des années 60 au retour à la crispation identitaire des années 90) et les faits de société qui accompagnent la vie de héros que l’on croirait sorti d’une réalité toute proche. Car des Lulu, des Joseph, des Chiara, on en a tous dans son entourage. Des personnages vivants, mais fissurés, dont les espoirs s’envolent peu à peu, sans jamais réellement détruire leur soif d’aimer, de vivre, de profiter de l’instant présent. Ou d’y prétendre, d’y croire. Un forme de tragi-comédie sociale inspirée et touchante, qui aborde bien des sujets de manière frontale et incisive, sans jamais s’aliéner la sympathique du lecteur (on parle d’enfants abandonnés ou éduqués d’une manière parfois erratique; d’une vie en communauté qui fait mine de ne pas juger autrui, mais ne fait que ça; de personnes mal fichues qui se créent une béquille en aidant les autres; d’homosexualité refoulée des années durant; de rapports filiaux brisés sur l’autel de la bienséance ou d’idéaux mal placés…), ce qui relève du tour de force. Camille Rebetez réussit cet exploit insensé, après lequel courent bien des auteurs chevronnés, de donner vie et substance à des personnages attachants parce qu’imparfaits, touchants par leurs failles et leurs erreurs.
Pierre-Olivier « Pitch » Comment, quant à lui, amène une légèreté et une vivacité qui enrobe avec talent ce microcosme déglingué. Si le trait paraît parfois malhabile, il est pourtant d’une efficacité narrative indéniable, il ne gêne à un aucun moment la compréhension ou la reconnaissance d’un héros (rappelons qu’ils vivent leur vie pendant plus de 40 ans), et surtout, surtout, il contribue à nourrir cet humanisme et ce profond amour des personnages.
Si une dédicace est toujours un moment de plaisir, partagé par les auteurs, les libraires et les lecteurs, nous sommes réellement ravis de recevoir MM. Rebetez & Comment, car leurs albums nous ont touchés, et nous avons lancé la démarche de cette rencontre (ou plutôt mon camarade de jeu Grégory, je n’ai fait que suivre, et j’en suis évidemment ravi). Nous remercions au passage les éditions Les enfants rouges, qui ont eu le culot de publier cette fresque typiquement helvétique (l’éditeur est basé en France), et de mettre en place cette dédicace avec nous !
Pitch Comment et Camille Rebetez seront donc installés dès 14h, ce samedi 05 mars, à l’Espace Passion BD de votre FNAC de Lausanne. Soyez nombreux !
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