Premier album de Mobidic, une jeune auteure franco-mexicaine, Le roi ours surprend d’emblée par son style et sa maîtrise graphiques.
La jeune Xipil est la fille du chef de son village, mais n’en est pas moins le dernier sacrifice en date promis au Dieu Caïman. Attachée à son poteau sacrificiel, elle attend son destin avec résignation, jusqu’à l’arrivée du Dieu Ours, débonnaire et surpris par cette manie qu’ont les humains du village voisin de sacrifier leurs proches. Après une suite de malentendus, il décide de prendre la jeune fille pour épouse afin de la sauver, devenant ainsi la risée de tous les autres dieux animaux…
Sous une couverture frappante, lorgnant autant vers les grands classiques Disney que vers les productions Ghibli, Mobidic dévoile des trésors d’application et de soin, menant son lecteur vers un récit cruel par un dessin chatoyant. Aucune fausse note pour ce premier ouvrage, qui semble fixer sur papier la dynamique et la classe d’un film d’animation de qualité. Son héroïne palpite de rébellion et de fureur adolescente, tandis que la bonhommie de son nouveau mari amène une fraicheur et une tranquillité qui apaise le lecteur.
Sous ses beaux atours se cache une tragédie, entre le conte de fée à l’ancienne et les récits écologistes et guerriers de Miyazaki (Princesse Mononoké en tête). Car si Xipil se sacrifie pour le bien de son village, la bêtise, la mesquinerie et l’égoïsme de certains de ses habitants la mèneront au désespoir, jusqu’à une fin que l’on pressent douloureuse. Fable initiatique sans temps morts, peuplant ce monde sans nom de divinités qui surveillent du coin de l’œil ces drôles d’humains, Roi ours parle peu mais bien, et donne à voir la folie et l’inconscience, de part et d’autre, mais avec un seul danger constant : l’Homme.
Dur mais beau !
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