Le Soldat
Efa et Jouvray
La guerre existe depuis que l’homme existe. Au nom de la justice, des droits, d’une nation, d’un Dieu, les hommes s’entretuent. Les années passent, les époques changent, les armes évoluent et détruisent de plus en plus mais une seule chose ne change jamais : les combattants sont des hommes, tous identiques, tous persuadés de se battre pour une cause juste.
Malheureusement la justice n’atténue pas l’horreur, ni les traumatismes. « Tu finiras dans le sang et les larmes, mais tu seras un héros, mon fils. »
Dans un contexte de violences internationales, Ricard Efa (illustrateur) et Olivier Jouvray (scénariste) s’interrogent sur les motivations et sur l’engagement de ces morts en sursis : « Je me suis souvent demandé pourquoi dans le film Braveheart, alors que William Wallace chargeait les anglais avec ses camarades, j’avais envie de me coller un kilt sur les fesses, de la peinture bleue sur la figure et d’aller batailler à leurs côtés. […] J’ai même honte de dire que lorsque j’entends La Chevauchée des Walkyries, je m’imagine aussitôt dans un hélico, un cigare au bec, une sulfateuse à la main, en train de « napalmer » des Viets aux côtés de ce cinglé de colonel Kilgore, alors qu’il y a vingt ans de cela, j’étais objecteur de conscience. Un comble. »
C’est ainsi que nait leur personnage, Henry, soldat volontaire de l’Union lors de la guerre de Sécession. Petit paysan anonyme, il cède aux appels des sirènes qui lui promettent renomée et reconnaissance intemporelle. Et lorsque cette bulle d’illusion explose, l’horreur repeint entièrement le tableau que notre jeune combattant avait imaginé. La peur, les pleurs, la fuite, la mort, la profonde tristesse, les nombreuses blessures et l’envie de sauver sa peau plus forte que l’envie de finir en héros. Il faut choisir : mourir dans la gloire ou vivre dans la honte ? Le piège se referme…La lutte au nom de ses idées se termine, définitivement.
Une bande dessinée qui s’inscrit dans la collection Signé chez Le Lombard, collection à l’identité forte où les auteurs ont un libre espace d’expression. Et le soldat ne manquera pas à la règle. C’est une oeuvre fine, sarcastique qui s’engage en dénoncant l’incohérence de l’être humain et le plus grand mensonge de tous les temps : la guerre ne fabrique aucun héros, seulement des cadavres.
Laisser un commentaire