De nombreuses BD font de l’Histoire leur source d’nspiration. Tout, ou presque, y est passé : la Première et Seconde Guerre Mondiale (sous toutes ses coutures), les guerres d’Amérique du Sud, les croisades, la guerre d’Espagne… Et la ségrégation, bien sûr, également !
Alors, c’est avec de forts a prioris et une grande crainte que j’ai décidé de lire : Emmett Till, derniers jours d’une courte vie d’Arnaud Floc’H (scénario et illustrations) aux éditions Sarbacane. Et… c’est sans ces a prioris et cette crainte que je vous encourage vivement à vous la procurer !
Emmett Till, dit Bobo, est un jeune afro-américain originaire de Chicago. A l’âge de 14 ans, il décide de découvrir le sud du Pays et se rend dans le Mississipi pour vivre chez son grand-oncle. Sa mère, plus aguerrie, le prévient à plusieurs reprises : la seule chose dont il ne doit pas se départir durant son séjour à Money est sa méfiance. Là-bas, l’entente entre les blancs et les noirs n’est pas la même que chez eux et il ne doit surtout rien faire qui pourrait les déranger.
D’ailleurs, avec le recul, il n’aurait surtout pas dû entreprendre ce voyage…
Mais le jeune Emmett est déterminé, joyeux et légèrement insouciant (un ado en somme…). Il a bien retenu toutes ces règles mais cela est, au départ tout du moins, purement théorique pour lui. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il se rend à la fois dans l’un des endroits des Etats-Unis les plus ségrégationnistes et surtout, à un moment historique où les tensions entre blancs et noirs sont à leur paroxysme : cela ne fait qu’un an que la Cour Suprême des Etats-Unis a voté l’abollition de la ségrégation dans les écoles publiques, ce qui n’est assurément pas du goût de la majorité dans le Mississippi.
Et c’est l’ensemble de ces conditions qui fit de sa première semaine dans le Mississipi l’unique et la dernière de sa courte vie…
Un « one shot » d’Arnaud Floc’h éprouvant et perturbant. A coups de traits de crayons gras aux couleurs appuyées, il réussit à la fois à retranscrire la tension palpable qui semblait régner en 1955 et la psychologie légère et un brin provocatrice de cet ado qui sera victime de l’intolérance de l’Homme poussée à son extrême. Un fait réél, un assassinat non puni et des coupables peu inquiétés. Un fait divers sûrement banal pour cette époque…
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