Difficile de se remettre devant son écran, ces derniers jours. L’année ne fait que démarrer, mais est déjà un peu trop usée… La vie continue, cependant, et les bonnes BD de paraître, sans coup férir. Les bons mangas aussi, évidemment !
Riku est un jeune garçon né du mauvais côté de la barrière… Alors que Tokyo a été littéralement coupé en deux lors de la chute d’une météorite, le clivage entre riches et pauvres a pris des proportions exubérantes, et la misère pousse les plus malheureux aux pires extrémités pour se nourrir. Riku, lui, a la chance d’avoir comme ami un vieux policier idéaliste, qui le soutient, l’accueille dans son petit bureau, et lui a promis, luxe suprême, un gâteau pour son anniversaire ! Mais tout ne va pas se passer comme prévu, et le ce fameux jour est tragique : Riku est accusé du meurtre de son vieil ami, et envoyé dans une prison abominable pour rien moins que 30 longues années ! Pour un gamin de 13 ans, autant dire un siècle ! Mais Riku n’est pas comme les autres, et il le prouvera bien vite…
Véritable archétype du sous-genre nekketsu, Prisonnier Riku est une nouvelle trouvaille des éditions Akata. Après des débuts discrets mais prometteurs, ce petit éditeur (qui fut, pendant plus de 10 ans, responsable du label manga des éditions Delcourt, et est donc à l’origine de publications francophones du calibre de Coq de combat, Baki ou encore Ascension) profite des goûts marqués de son boss (Dominique Véret, aussi créateur de Tonkam) et sort LA pépite, LE shonen qui va l’installer dans la cour des grands.
Car Prisonnier Riku, c’est un titre à la fois atypique, par la noirceur du décor, la violence de la prison décrite sans fard, mais c’est aussi une histoire répondant aux codes classiques du shonen : le héros n’a pas de famille (si ce n’est son vieux papi d’adoption), et n’aura de cesse de chercher des amis; il a une volonté hors du commun, et ne se laisse jamais décourager; il retourne la plupart du temps ses ennemis, pour en faire de précieux alliés… On reconnaît là les schémas surexploités depuis Dragon Ball, véritables colonnes vertébrales des hits que sont Naruto ou One Piece. Mais là où Riku va plus loin, c’est qu’il ne s’interdit pas une brutalité étouffante, rendant palpable la réalité d’une prison dans un monde sans issue. À la lisière du seinen, il marche sur un fil, sans jamais vraiment tomber d’un côté ou de l’autre, et régale son lecteur des inventions dingues du héros pour se sortir de situations totalement inextricables.
Le graphisme, de son côté, est une réussite, avec ses gesticulations grotesques, mais sa mise en page maîtrisée. Riku a une trogne, et ne se laisse pas marcher sur les pieds. Les autres personnages, du petit roublard à la grande brute, ont une gueule, retrouvant la tradition initiée par le grand Tezuka (qui appréciait les physiques forts et marqués). Héritier jamais servile d’un Jojo’s Bizarre Adventure (pour les poses folles des héros et leurs aventures débridées) ou d’un Amer Béton (pour le contexte sans appel), ce prisonnier là n’est certainement pas un numéro, et mérite que vous suiviez ses aventures ! D’autant qu’Akata, après des retards au lancement, a pris un rythme conséquent : la série sera publiée mensuellement jusqu’à rattraper l’édition japonaise, qui en est déjà au tome 20. Qu’on se le dise !
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