Lupano et Panaccione pour leur Océan d’amour !
Et face à ce succès, une présentation en trois points me semble justifiée.
– point number one : L’arrivée de cette oeuvre…
Il s’agit d’une bande dessinée qui a la faculté d’être en rupture plus rapidement qu’elle n’arrive en magasin ! L’engouement des lecteurs a été tel qu’à Noël, chanceux étaient les libraires qui pouvaient la proposer jusqu’au 24 (nous avons été de ceux-là, oui oui !)… Etait-ce le titre prometteur évoquant le thème universel souhaité pour tous (l’amour) ou le nom du scénariste et du dessinateur qui ont généré cette situation ? Quoi qu’il en soit, au vu de cette vente massive de BD au faciès de boîte de sardine, sa nomination pour le prix BD Fnac 2015 n’en était que plus prévisible !
Maintenant, quid de son triomphe ? Justifié ou volé ?
– point number two : un triomphe…justifié !
Un Océan d’Amour c’est 224 pages de non dialogues. Ou plutôt de dialogues visuels et non verbaux. 224 pages d’humour, d’amour, bonheur, de rebondissement, de peur, d’inquiétude et de sérénité. C’est l’histoire de deux bretons à la générosité n’ayant d’égal que leur courage.
Madame, elle, est grande, toute en rondeurs, cuisinière hors paire (ses galettes m’ont donné l’eau à la bouche) et dentellière talentueuse. Elle est surtout profondément attachée à Monsieur.
Monsieur, lui, est petit, maigre, de grand yeux rieurs, pêcheur aguerri et d’une générosité et d’un amour pour son prochain sans faille. Il est surtout profondément attaché à Madame.
(Et ce malgré les boites de sardines qu’elle le force à manger tous les jours…)
Et voilà qu’un malheur arrive : son petit chalutier est percuté par un bateau-usine et seul son associé aura le temps d’embarquer sur le canot de secours… Les bigoudènes, le soir venu, pleurent déjà la mort de ce disparu mais Madame sait, sent, que Monsieur est toujours en vie. Et qu’à cela ne tienne, elle le retrouvera !
Ainsi débute un chassé-croisé entre ces deux personnages, un « boat trip » pour chacun d’entre eux dont les rebondissements n’auront de cesse de vous faire passer de l’attendrissement, aux rires, aux larmes et ce jusqu’à la conclusion.
Panaccione et Lupano s’associent ici pour signer une oeuvre puissante en mettant en scène des personnages ordinaires. Ils font ressortir la force de l’amour et de la volonté tout en dénonçant les abus liés à ce monde que l’on connait parfois bien mal, celui de la pêche en mer.
Sont ainsi abordés des thèmes importants tels que la pêche intensive, le dégazage des gros navires, la piraterie ou le « continent de plastiques »…
– Point number three : le détrônement
Il faut bien avouer, j’ai été bluffée. Les planches sont tout simplement magnifiques. Le trait précis et les expressions parfaitement claires permettent un récit fluide sans qu’un seul mot n’ait été prononcé. Cette oeuvre et les émotions qu’elle suscite restent ancrées un sacré bon bout de temps en nous.
Et cela me perturbe mais je crois qu’il est temps d’admettre qu’elle détrône les Vieux Fourneaux… Oui. Dur. Heureusement que c’est toujours Lupano, ça apaise un peu.
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