George A. Romero, c’est juste un monstre sacré du cinéma d’horreur pas con. Responsable du premier film de zombie moderne (La nuit des morts vivants, le seul, l’unique), il a toujours mâtiné ses films d’une critique sociale acerbe et sans compromis. Si ses derniers films sont moins soignés, moins flamboyants que les premiers, ils conservent toujours cette aura, cette satire, cet humour noir si souvent oublié par ses successeurs.
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Alex Maleev, de son côté, c’est LE dessinateur qui a totalement relancé Daredevil avec l’aide de Brian Michael Bendis dans les années 2000. Mettant de côté l’aspect super héroïque au sens strict, il s’est attaché à humaniser le personnage, lui donner corps dans un Hell’s kitchen noir comme Gotham. De son trait volontiers charbonneux, mais pourtant toujours réaliste, il saisit l’ampleur d’une situation, d’un décor, d’un groupe de personnages comme personne.
La rencontre des deux est donc d’une logique implacable : ils ont réussi chacun dans leur medium à mélanger fantaisie et réalité. Romero en vient à signer le scénario de son premier comic book, et nous offre un épisode inédit de sa saga des morts vivants…
Empire of the dead, c’est tout d’abord un concept. La ville-forteresse, il l’avait déjà abordé dans Le territoire des morts, avec cette figure emblématique et fiévreuse du maire-profiteur, joué par un Dennis Hopper en grande forme. Les zombies retrouvant un semblant d’intelligence et de cohésion de groupe, il l’avait fait auparavant, dès Le jour des morts vivants. Les vampires ? Il avait touché du doigt ce sujet dans Martin. Mais mélanger tout ça ?
Nous suivons ici les aventures new-yorkaises de Penny Jones, une scientifique qui souhaite travailler sur l’intelligence des zombies. Aidée dans sa tâche par un milicien, Paul Barnum, grassement payé pour sélectionner et entrainer des schlingueurs (comme sont appelés les zombies dans la grosse pomme) en vue de les faire combattre dans une arène. Penny cherche le mort-vivant parfait, et pense le trouver en la personne de X, ancienne militaire ayant conservé de nombreux instincts la rapprochant encore terriblement des hommes… Et Barnum, de son côté, doit composer avec les désidératas toujours plus envahissants de Chandrake, le maire omnipotent de New York. Ce maire qui, lui non plus, ne semble pas très humain, et être friand de jeunes femmes et de leur sang…
Empire of the dead, c’est le meilleur épisode de la saga depuis Land of the dead, et de loin ! La satire est vacharde, le décor apocalyptique à souhait, et les personnages oscillent entre cynisme, idéalisme et pur opportunisme. Si New York se prête parfaitement à ce jeu de massacre, comme toujours chez Romero, le héros, ce n’est pas le vivant, et les zombies ne sont jamais aussi dangereux que ceux qu’ils dévorent. Et évidemment, l’amorce du combat entre vampires et zombies est d’ores et déjà un petit monument de pop culture, comme un Frankenstein vs Dracula ou un King Kong vs Godzilla. Un premier tome (sur 3) prometteur, donc, et qui ouvre suffisamment de portes pour laisser augurer du meilleur.
Réveille-toi, Walking Dead, car voici venir Romero, qui marche sur tes plates bandes et vient récupérer son trône !
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