Vous êtes à la bourre, vous avez empilé les cadeaux sans vérifier, et il manque un truc un peu classe pour tonton Bernard ou le petit neveu ? Il est encore temps ! Vous trouverez ci-dessous une petite liste de cadeaux spectaculaires, d’objets vraiment sympa, qui marqueront le coup sans tomber dans le futile.
LITTLE NEMO – L’intégrale (Winsor McCay, Taschen, édition d’Alexander Braun).
Commençons par le patriarche, l’œuvre qui a lancé moultes vocations, qui a fasciné des générations d’amateurs, et qui reste un exemple de démesure graphique et narrative : Little Nemo, de Winsor McCay. Créé en 1905 et achevé en 1914, cet ouvrage dingue a été un classique instantané, succès monumental et reconnaissance artistique oblige. McCay a prouvé que l’on pouvait distraire les lecteurs tout en les sortant de la torpeur des nouvelles quotidiennes (son Little Nemo était publié dans les journaux), et sans jamais sacrifier à la qualité. Mais occupé par ses productions animées et ses projets divers, il délaissa peu à peu Nemo pour finalement l’abandonner avant la guerre. Mais ces quelques années de publication suffirent à marquer de manière indélébile le monde de la BD… Taschen nous présente ici l’intégralité de la série, dans une édition proprement époustouflante. D’un format monumental, elle égale la qualité de reproduction de celle publiée par Delcourt il y a quelques années, mais qui ne fut jamais complétée (2 volumes d’environ 110 pages parus, soit moins de la moitié des planches), et y ajoute des explications et éclaircissements signés Alexander Braun, collectionneur et connaisseur méticuleux du travail de McCay. Le livre est entièrement en anglais (un livret très réussi reprend les traductions françaises des textes de Braun), et permet de profiter à plein du travail caligraphique de McCay. Un achat obligatoire pour les puristes et les amateurs éclairés, pour une édition qui devient instantanément référente !
LA GRANDE HISTOIRE DU JOURNAL DE MICKEY (Patrick Weber, Glénat)
Alors que le Journal de Mickey, institution de la presse française, fête ses 80 ans, les éditions Glénat continuent leur travail éditorial autour de Disney. Eux qui ont déjà rendu ses lettres de noblesse à Carl Barks (intégrale de 24 volumes en cours), Don Rosa (intégrale de 7 volumes en cours) ou encore Floyd Gottfredson (intégrale de 12 volumes en cours), s’attachent ici à cerner l’importance et l’historique de cette publication unique en son genre. Mêlant depuis ses débuts bandes dessinées et informations, jeux et autres plaisirs de l’enfance, cet hebdomadaire a évolué durant toutes ces années, et il est difficile pour le béotien ou le jeune lecteur de savoir exactement quelles ont été les étapes de ces changements. On retrouve donc ici un panorama passionnant, à l’iconographie poussée, gorgé de fac-similés et de documents rares. Patrick Weber, romancier et journaliste, passionné d’histoire, écrit des textes complets, plaisants et cohérents. Une réussite, et un vrai bel objet !
BARBARELLA (Jean-Claude Forest, Les Humanoïdes Associés)
Quand Barbarella est publié chez un éditeur un brin rebelle en 1962, Forest n’est pas vraiment conscient de l’impact que son personnage, et son accession au grand public, auront sur l’image de la BD. Son héroïne est sexy, flamboyante, parfois naïve, jamais vulgaire, et représente, pour son auteur, « la fille indépendante et libre ». Indisponible depuis de nombreuses années, ce premier tome (d’une série de 4, les 3 suivants seront réédités en 2015) est enfin réédité, et de quelle manière ! D’un format spectaculaire, les Humanos ont mis les petits plats dans les grands, et publient un tirage limité à 999 exemplaires qui renvoient aux soldeurs toutes les éditions précédentes (oui, j’exagère un peu…). Le papier est superbe, les reproductions de qualité, nous n’avions jamais vu les aventures sexy de cette belle pépée éprise de liberté avec une telle acuité. Un beau cadeau à faire aux nostalgiques, ou aux curieux se demandant ce que vaut la BD qui a inspiré ce si kitsch film avec Jane Fonda…
CORTO MALTESE, L’INTÉGRALE COULEURS (Hugo Pratt, Casterman)
Personnage mythique, dont la première aventure en 1967 fit date, mais qui trouva sa pleine mesure grâce au rédacteur en chef de Pif Gadget (eh oui), Corto Maltese est le héros d’une douzaine d’albums dont le succès ne faiblit jamais. Succès d’estime en Italie à sa parution, la saga fit ensuite les beaux jours de Pif Gadget puis À suivre, et devint un best-seller international par la suite. D’un graphisme étonnant, suggérant souvent plus qu’il ne montre, et proche de l’aquarelle chère à son auteur, cette saga magistrale reste un exemple de BD grand public n’ayant jamais renoncé à son identité, et fascine toujours de nouveaux lecteurs, 22 ans après sa fin. Mais Casterman, finaud, sort en cette fin 2014 une intégrale de belle qualité, plus petite que les albums classiques, mais tout à fait confortable à la lecture, et surtout bien moins chère. Quel drôle de timing, me direz-vous. Eh bien pas tant que ça… Car l’éditeur vient de confirmer un serpent de mer, un vaporware, une sorte de fantasme (effrayant ou enthousiasmant, selon la personne) : un nouveau Corto ! Ils ont en effet chargé Juan Diaz Canales (Blacksad) et le dessinateur Ruben Pellejero (Dieter Lumpen) de s’atteler à créer une nouvelle aventure à l’inoxydable marin… Certains crient au drame, d’autres sont intrigués, et d’autres, enfin, se paient ce chouette coffret histoire de réviser leurs classiques avant d’attaquer du nouveau… À vous de voir !
LA JEUNESSE DE PICSOU, l’intégrale 2 volumes (Don Rosa, Glénat)
Oui, bon, vous allez dire que j’en fais trop, avec cette série. Déjà chroniquée ici, je la conseille à tous ceux qui souhaitent lire du Disney qui ne soit pas formaté ou enfantin… Je ne vous ferai donc pas l’affront de présenter une fois encore ce jalon majeur de l’histoire de Disney en BD. Mais parlons un peu de l’édition. Car Glénat, après son bel objet sur le Journal de Mickey, nous offre une édition particulièrement réussie de ce diptyque : finie la couverture souple et la frise sur la tranche, cette œuvre retrouve sa singularité, et n’est plus mélangée avec le reste des travaux de Don Rosa. On est ici face à une intégrale en 2 tomes, cartonnés, emboités dans un coffret présentant aussi le fameux sou fétiche ! Une réussite, qui risque de faire râler les amateurs ayant déjà l’édition « normale » (moi le premier)…
IL ÉTAIT UNE FOIS EN FRANCE L’INTÉGRALE (Fabien Nury & Sylvain Vallée, Glénat)
Et enfin, pour parachever ce petit tour des bouquins qui claquent, l’intégrale deluxe (tirage limité, attention) de Il était une fois en France, du grand Fabien Nury, et de l’impressionnant Sylvain Vallée. De Nury, je vous ai déjà dit tout le bien que je pensais avec L’or et le sang. Mais je n’avais pas pris le temps de faire un petit topo sur Il était une fois en France, qui reste son plus grand succès public et critique. Documenté sans se vouloir une leçon d’histoire, réaliste sans être pénible, parfaitement servi par le dessin pas tout à fait photographique de Sylvain Vallée, voici probablement, avec Murena, la meilleure série historique en BD parue ces 20 dernières années, disons-le. D’un souffle incroyable, avec ses personnages incarnés et vibrants, cette saga familiale raconte les malheurs de Joseph Joanovici, ferrailleur de génie d’origine polonaise, qui à la fin de la seconde guerre fut accusé de collaboration. Lui, un juif, ayant sauvé plusieurs dizaines de personnes ! Mais une enquête est menée, et la part d’ombre du personnage est réelle… De ce fait historique, Nury brode une épopée impressionnante, abordant l’âme humaine en profondeur, sans jamais ennuyer le lecteur. On en ressort soufflé, comme après le visionnage des deux premiers Parrain, de Coppola (rien que ça). Une œuvre majeure, présentée ici dans un écrin à sa mesure : les 6 volumes, plus une quarantaine de pages d’illustrations pour la plupart inédites, un signet pour ne pas paumer sa page, le tout avec une qualité de fabrication tout à fait honorable… Une réussite !
J’aurais aussi pu parler du Taschen sur les 75 ans de Marvel, véritable mastodonte iconographique, de l’intégrale superbe de Blacksad ou encore du coffret et monovolume étonnant de Blueberry, mais la place manque. Venez donc y jeter un œil en boutique !
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