Zep, on le connaît tous. Depuis près de 25 ans, il berce d’un humour toujours aussi touchant à la fois les gamins et leurs parents. Son Titeuf reste un monumental succès de librairie (près de 20 millions d’exemplaires vendus), son exigence d’auteur le pousse à n’en sortir un que lorsqu’il en a envie, et il prend alors le temps de travailler sur d’autres projets… Parfois, rien ne sort pendant quelque temps, et d’un coup, une rafale de bouquins sont publiés en quelques mois. C’est le cas en 2015 !
Après trois années d’attente, voici le blondinet préféré des cours de récrés qui revient ! Et quand Titeuf sort, peu d’autres albums de BD peuvent se targuer de le dépasser en popularité (on parle d’un livre édité à 500.000 exemplaires par Glénat). Ici, notre héros se retrouve bien embêté : lui qui a couru pendant des années après Nadia, la glaciale Nadia, a enfin suscité l’intérêt d’une jeune fille en la personne de Ramatou. Mais les deux jeunes filles se disputent son amour, et le drame arrive : après un âpre combat, sa mèche, sa chère mèche est arrachée ! Une solution s’impose, mais laquelle ? François a une idée géniale : alterner entre les deux ! Manu, lui, propose de passer direct à l’adolescence, histoire d’avoir la super classe une bonne fois pour toute… Oui, mais comment ?
Toujours aussi drôle et malin, voici un album qui, une fois n’est pas coutume, propose une histoire complète, et pas seulement un recueil de gags. L’humour est toujours omniprésent, bien entendu, mais le fond est plus riche, notamment avec ces illusions improbables liés à l’adolescence, et les fatales désillusions (surtout que ça ne vient jamais quand on le veut, ça, l’adolescence). Et Manu, le brave Manu, se serait-il trouvé une amoureuse, lui aussi ?
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Zep avait signé, voilà quelques années, l’excellent Découpé en tranches (réédité en 2014 chez Rue de Sèvres), qui reprenait de petites chroniques décalées le mettant en scène. Formellement, ce WAWW (faisons court) en est le digne héritier. Sorte de recueil de billets d’humeurs, il reprend les dessins publiés sur son blog du Monde.fr. Grinçant, parfois grivois, s’adressant plutôt aux parents des gamins qui lisent Titeuf, il renouvelle sans prétention les blogs édités en livres, et ne donne jamais l’impression d’un objet inutile ou superflu. Un plaisir léger et convaincant !
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On le sentait venir… Après Happy Sex, succès de librairie foudroyant en 2009 (près de 400.000 exemplaires vendus à sa sortie), on sait que Zep aime parler de sexe, voire le montrer. Et avec qui d’autre pouvait-il le faire que Vince, la moitié du tandem avec qui il collabore sur les Chronokids ? Vince est en effet connu pour ses dessins de pin-ups, qui abreuvent sa page facebook (et dont une sélection est présentée dans le tirage de tête de l’album).
Nous trouvons donc ici une histoire proche de la fable, mettant en scène Esmera, jeune femme dont le corps a une particularité : chacun de ses orgasmes lui permet de changer de sexe ! Un coup homme, un coup femme, la belle Esmera (ou le beau Marcello) se compose une vie bien à part, joue de sa sensualité au fil d’expériences folles (aidées par la période, les années 60 et 70, jusqu’à nos jours), sans jugement, sans frustration. Une histoire étrange et poétique, dont la crudité visuelle (les séquences de sexe sont explicites) est contrebalancée par la douceur du trait de Vince, et le rythme vif et enlevé du récit de Zep. Une réussite étonnante, qui montre une fois de plus qu’il est possible de créer de la BD érotique autrement que comme un simple support de fantasmes ! Réservé malgré tout à un public averti, bien entendu…
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