Des personnages qui flirtent avec la débauche, une génération X perdue, des soirées indécentes. Le décor est planté dans les livres de Bret Easton Ellis. Si White n’est pas tout à fait un de ses nouveaux romans, l’auteur américain revient sur sa vie, ses inspirations et sa bibliographie.
Du moins que rien à une suite triomphale
A la sortie de « moins que zéro » son premier roman, c’est toute une génération qui se retrouve dans les personnages de l’auteur. Des relations amoureuses sans passion, des fêtes où l’on se croise sans réellement échanger, si le personnage principal dérape, il n’est que le miroir d’un nihilisme adolescent. Les lecteurs sont au rendez-vous et grandiront avec l’auteur qui connaîtra son apogée six ans plus tard.
Patrick Bateman : la naissance d’un mythe
S’en suivra « Les lois de l’attraction » et « American Psycho ». Si le premier introduit la figure phare de Patrick Bateman, c’est bien le second roman qui fera naître les plus vives réactions. Beau et riche, ce personnage blasé enchaîne les lignes de coke dans ses tenues irréprochables de grands couturiers. Schizophrène haineux, Patrick Bateman n’aime rien. Véritable critique de la société, le personnage sert de relais pour faire entendre la voix de l’auteur : rancœur envers le marché de l’art et la société individualiste où tout n’est qu’apparence. Ce roman fera scandale. Violent et cynique, Ellis aborde sans détour la pornographie, la xénophobie, un goût prononcé pour la destruction.
White, une autobiographie ?
Presque une décennie après son dernier roman « Suite(s) impériale(s) », Ellis revient avec White. Si ce livre se lit comme un roman, c’est un essai que l’écrivain propose. Véritable catalogue de références culturelles, on en apprend un peu plus sur les influences de l’auteur.
Le 7e art s’impose dans bon nombre de ses romans. L’ambiance, les descriptions, les anti-héros, tout est réuni pour que le lecteur visualise ce qu’il lit. Quatre de ses écrits ont d’ailleurs été projetés sur grand écran dans des adaptations plus ou moins réussies. La vie de l’auteur est rythmée par le cinéma, mais aussi par une jeunesse en dehors du contrôle parental.
Si la famille apparaît assez peu dans les romans d’Ellis, on en comprend mieux les raisons. Né en 1964, il grandit dans les années 70 dans une Amérique où le contrôle des parents est beaucoup moins oppressant qu’aujourd’hui. La violence de certains films, les magazines playboy de son père, rien ne lui est interdit. Cette absence d’autorité se reflétera d’ailleurs dans ses relations avec son éditeur. Bret Easton Ellis refuse de se plier aux délais qu’on lui impose, n’écrivant que pour lui, par phases, par envies.
White est donc l’occasion d’aborder la question du roman et de remettre sa pertinence en question. Pression des éditeurs, influence négative du lectorat, la sincérité des auteurs peut être remise en question et leur statut d’artiste également. Une chose est sûre : Ellis est un véritable écrivain, un homme passionné.
« La célébrité est un jeu éphémère et elle vous fait grandir vite, parfois à la dure. Mais si vous avez une longue carrière et que vous avez déjà pris pas mal de coups, vous comprenez aussi, au bout de quelque temps,qu’ils rebondissent. »
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